par Clément Hudon, Pl. Fin., FCSI, BAA, M. Sc.
Professeur en planification financière
École des sciences de l’administration
Université TÉLUQ
En suivant l’actualité pendant et avant la pandémie liée à la COVID-19, on dénote une tendance à vouloir revoir notre système économique. On martèle haut et fort que le capitalisme ou l’économie du libre marché si vous préférez, est responsable de tous les maux.
Avant la pandémie, c’était pour sauver la planète, laquelle ne pouvait survivre dans un système de croissance économique perpétuelle, la base d’un système capitaliste. On devait donc y mettre fin. Depuis la pandémie, le système capitaliste a le dos large, si vous permettez, et que cela soit via la mondialisation, le libre-échange ou la croissance économique, c’est le capitalisme qui serait la cause de tous nos problèmes.
À cela, il faut maintenant additionner des déficits aux proportions gigantesques, une remise en question des travailleurs qui se demandent pourquoi ils couraient toujours pour avoir du temps avec leur famille avant la pandémie. Aux conditions de vie annoncées dans un monde post-COVID-19 s’ajoutent l’environnement et la planète, toujours aussi négligés.
Ainsi, puisque c’est la faute du capitalisme, du laxisme de l’État (ex. : CHSLD), combiné aux écarts entre les riches et les pauvres qui sont accentués par la pandémie, on cherche un nouveau système économique qui nous permettra de regrouper tous ces problèmes et de les faire disparaître comme par magie, car… « Ça va bien aller! ».
Cela me rappelle les résolutions du Nouvel An, les engagements que l’on prend envers soi-même au lendemain d’une cuite. Je ne sais pas pour vous, mais personnellement, mes résolutions et mes engagements lors de mes lendemains de veille n’ont jamais été un succès!
Perspective monde de l’Université de Sherbrooke définit le socialisme et le communisme comme suit « Dans le socialisme, l’État constitue le maître d’œuvre de l’activité économique et sociale dans la mesure où il est le propriétaire des moyens de production. Dans le communisme, l’État n’existerait cependant plus ; la communauté aurait établi des mécanismes de régulation et d’autodiscipline sans qu’on ait recours à une entité étatique.[1] ».
Dans le système économique parfait (lire, utopique), on se débarrasserait de l’État, reconnu pour son laxisme. On éliminerait le système capitaliste, reconnu pour n’être bon que pour les riches et on sauverait la planète de la croissance économique perpétuelle.
En théorie, le système parfait serait donc basé sur une sorte de communisme. En réalité, c’est un mirage. Un mirage que les moins jeunes ont connu sous les formes de l’URSS, de la Chine de Mao, du Vietnam ou encore, de Cuba.
Comme dans tout système, il y a du bon, mais il y a du moins bon et dans celui-ci, beaucoup de moins bon… particulièrement pour les individus qui y perdent leur liberté de choix, une liberté combien importante, mais inappréciée par beaucoup de citoyens vivants dans des pays où leurs droits et libertés sont protégés.
Le système capitaliste n’est pas parfait, mais il nous donne la chance de faire des choix et de les assumer. C’est probablement cette difficulté d’assumer nos obligations qui vont avec nos choix qui nous fait défaut. On se rappelle nos droits, mais on oublie facilement nos obligations.
On blâme les méchants « Walmart », mais le stationnement est toujours plein (avant la pandémie). On parle de voitures électriques, mais le Ford F-150 est toujours le camion le plus vendu année après année. On encourage l’achat local, mais on choisit le bien produit à l’étranger, car il coûte moins cher puisque les producteurs étrangers ont tendance à ne pas respecter nos lois sur l’environnement et nos conditions de travail pour leurs employés.
En bref, on fait de l’aveuglement volontaire. Le communiste ou toutes formes de système économique semblable ne changeront qu’une chose. Si vous choisissez l’aveuglement volontaire au niveau des règles de vie de ce nouveau système, les pénalités pour vous remettre dans « le droit chemin » seront létales. Il ne peut en être autrement dans un tel système.
Imaginez ce qui arrivait à un citoyen de l’URSS qui était pris à faire ce que nous appelons « travailler au noir », à ceux qui portent ou ne portent pas le masque, selon la doctrine choisie par l’État, à ceux qui ne sont tout simplement par en accord avec la politique officielle malgré des arguments tout à fait valides?
Il est beaucoup plus efficace d’améliorer son alimentation et de faire un peu d’exercice pour perdre du poids que de dépenser pour une pilule coupe-faim ou pire, un appareil qui nous donne des chocs électriques pendant qu’on est assis à regarder une émission de télévision.
Avant de souhaiter un nouveau système miracle comme si c’était un régime alimentaire, rappelons-nous qu’il est beaucoup plus réaliste de corriger celui que nous avons déjà et qui nous permet la liberté de choix.
Qu’en pensez-vous ? Pouvons-nous devenir responsables dès maintenant?
[1] http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMDictionnaire?iddictionnaire=1635