par Clément Hudon, Pl. Fin., FCSI, BAA, M. Sc.
Professeur en planification financière
École des sciences de l’administration
Université TÉLUQ
Le modèle québécois – Et si on nous avait vendu un 3 étoiles au lieu d’un 5 étoiles?
L’expression « Le modèle québécois » a sans doute autant de définitions que de Québécois, chacun ayant sa propre perception de ce que cela implique. Pour beaucoup de Québécois, « Le modèle québécois » consiste à ce que le gouvernement provincial soit responsable des services aux citoyens comme, la santé, l’éducation, les garderies à 5$ (qui n’en sont plus d’ailleurs) et, quoique moins charmant, nos infrastructures (routes, ponts, aqueduc, etc.).
Force est de constater qu’en 2022, notre système de santé et notre système d’éducation sont à l’image de nos infrastructures, un état triste et lamentable. Pour ce qui est des garderies, il faudrait d’abord que tous y aient accès. Était-ce prévisible? Sommes-nous vraiment surpris?
Il y a plusieurs années, lire décennies, à la suite de ses recherches sur le sujet, le professeur David K. Foot publia un livre intitulé « Entre le boom et l’écho[1] ». C’est probablement l’un des livres qui a le plus cristallisé l’expression « boomers » et celles qui sont venues par la suite.
Aujourd’hui, tout le monde connaît les « boomers » et selon plusieurs, ils sont responsables de tous nos malheurs. Mais, est-ce vraiment le cas? Les « boomers », dont je fais techniquement partie, sont-ils la cause de tous nos maux?
Pour l’exactitude, selon le professeur Foot, je suis de la « génération X », un « boomers », né entre 1960 et 1966. Pour l’image, je suis de ceux qui arrivent au buffet et qu’il ne reste que des miettes laissées par les clients qui sont déjà passés, mais j’ai droit à la même facture que ceux-ci.
À l’aube de la retraite et avec la maturité qui accompagne l’âge, je ne peux que constater que non, les « boomers » ne sont pas responsables de tous nos maux, nous sommes tous responsables, peu importe à quelle génération on appartient.
Ces « boomers », grâce à leur nombre, ont amené plusieurs changements au sein de la société québécoise, comme cela fut le cas aux États-Unis et en Europe, quoique décalé de cinq ans causés par la reconstruction suite à la Seconde Guerre mondiale. Ces changements ont encore lieu actuellement, nous n’avons qu’à penser à la pénurie de main-d’œuvre, aux coûts de plus en plus élevés du système de santé et aux différents programmes politiques proposés. On ne peut pas se passer du vote des « boomers ».
Ainsi, les recherches du professeur Foot m’ont permis de comprendre les raisons derrière le fait que ma génération avait moins d’opportunité que la génération précédente, mais elles auraient aussi dû nous amener, collectivement, à nous préparer à ses conclusions (pénurie de main-d’œuvre, hausse des soins de santé, etc.).
Nous savions, mais nous avons peu fait. Pourquoi? Principalement parce qu’investir dans le maintien de services et infrastructures ne vend pas au moment des élections. Il était et il est, plus facile de vendre un nouveau pont (ou un tunnel) que de s’engager à entretenir ceux qui sont déjà construits. Ce qui est aussi vrai pour les services.
On ne peut s’attendre de la part d’un politicien qu’il promette que tel ou tel service va demeurer. S’il veut notre vote il doit ajouter un nouveau service. Il, et nous, sommes autant coupables de cette augmentation de services, au détriment de l’entretien et du maintien de ceux existants.
Il est facile de prétendre que dans les années soixante, lorsque nous avons créé tous ces services et infrastructures, on ne pensait pas qu’il faudrait les entretenir. On ne pensait pas que l’augmentation de la population maintiendrait sa croissance et pourtant, le « Club de Rome[2] » avait mentionné quelques petits obstacles à venir sur le sujet.
En bref, les électeurs de l’époque, comme nous aujourd’hui, préférons l’aveuglement volontaire. On continue de prétendre que nous pouvons maintenir en vie notre modèle québécois. Et encore, malgré le fait que depuis plusieurs années, le « Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC)[3] » nous prévient de ce qui nous guette dans un avenir pas si lointain et pourtant, concrètement, rien ne change vraiment, sauf le climat.
Néanmoins, il est possible que cela soit une mauvaise perception de ma part et de plusieurs de nos compatriotes. Je m’explique. Imaginons que vous regardez pour un voyage dans le sud de type « tout inclus », vous regardez les images de l’hôtel, de la plage et des piscines. Vous regarder les photos du buffet et de ce qui est inclus dans le forfait. Vous validez et il s’agit d’un complexe 3 étoiles.
Une fois à destination, vous êtes fort déçus. Vous ne retrouvez pas dans ce complexe, ce à quoi vous vous attendiez. Vous allez voir la direction du complexe et expliquez quelles étaient vos attentes. La direction, étonnée, vous explique que ce que vous exigez est digne d’un complexe 5 étoiles, ce qu’ils ne sont pas. Vous êtes donc déçus, car vous vouliez un 5 étoiles, mais ne vouliez pas payer plus que pour un 3 étoiles.
Et si notre problème avec « Le modèle québécois » en était un de perception. Si, avec notre écoute sélective, nous avions compris qu’il s’agissait de services et d’infrastructures de niveau 5 étoiles, alors il est normal d’être déçu lorsque l’on constate que nous en avons un d’un niveau d’un 3 étoiles.
Malheureusement, comme dans l’exemple du complexe au soleil, si nous voulons rehausser notre modèle québécois afin qu’il soit de niveau 5 étoiles, cela sera beaucoup plus dispendieux en taxes, impôts sur le revenu et en frais de service.
Le but de mon article n’est pas de remettre en question notre modèle québécois, je laisse ce soin aux politiciens, mon but est de vous préparer afin que vous puissiez vivre une retraite à la hauteur de vos attentes, car si l’état n’est pas présent pour vous, comme vous l’aviez prévu, il faudra prévoir des sommes d’argent pour compenser cette absence.
Ainsi, lorsque vous établirez votre budget de retraite, en plus du montant prévu pour les voyages, il est impératif que vous prévoyiez un montant pour les services liés à votre santé et un montant pour le maintien à domicile, deux postes budgétaires qui devront maintenant faire partie de votre planification financière à la retraite, et cela, pour plusieurs années puisque notre espérance de vie ne cesse de s’améliorer.
Au rythme où les choses augmentent actuellement, il est probable que vous devrez budgéter plus pour vos soins de santé, que pour vos voyages.
Afin de vous donner une idée des montants à prévoir, j’ai préparé un tableau. Une rente santé, de 10,000$ (imaginons un couple) pendant 20 ans, exigerait une épargne mensuelle de 421$ pendant 25 ans. D’autres exemples au tableau couvrent d’autres rentes possibles.

Vous constaterez que pour la majorité des futurs retraités, les projets de voyage viennent d’en prendre un coup. Il est donc important de bien prévoir cette dépense avec votre planificateur financier.
Lors de cette rencontre, vous pourrez discuter du « Régime enregistré d’épargne-invalidité (REEI)[4] » afin de voir si ce véhicule pourrait vous aider au moment de la retraite.
LE RÔLE DU PLANIFICATEUR FINANCIER
Ce type de stratégie fait partie du quotidien d’un planificateur financier. En fonction de ses permis d’exercices, il vous conseillera et saura s’entourer d’autres professionnels selon les expertises requises.
Comme le précise l’Institut québécois de planification financière (IQPF)[5] :
La planification financière personnelle est un processus qui consiste à optimiser votre situation financière et votre patrimoine. La planification financière intègre les connaissances des sept domaines suivants : aspects légaux, assurance et gestion des risques, finances, fiscalité, placements, retraite et succession.
Le rôle du planificateur financier est de vous aider dans l’élaboration de votre planification financière en vous traçant un plan d’action stratégique entièrement adapté à vos besoins et tenant compte de vos contraintes et de vos objectifs personnels. Il vous propose ensuite des stratégies et des mesures cohérentes et réalistes pour atteindre les objectifs que vous vous êtes fixés. Ce sont des atouts précieux pour suivre de près l’évolution de votre patrimoine et prendre la bonne décision au bon moment.
N’hésitez donc pas à consulter un planificateur financier reconnu par l’IQPF[6].
[1] http://www.footwork.com/livre.asp
[2] https://fr.wikipedia.org/wiki/Club_de_Rome
[3] https://fr.wikipedia.org/wiki/Groupe_d%27experts_intergouvernemental_sur_l%27%C3%A9volution_du_climat
[4] https://www.canada.ca/fr/agence-revenu/services/impot/particuliers/sujets/regime-enregistre-epargne-invalidite-reei.html