Travailleur et retraité : Un chausson avec ça?

par Clément Hudon, Pl. Fin., FCSI, BAA, M. Sc.
Professeur en planification financière
École des sciences de l’administration
Université TÉLUQ

Travailleur et retraité : Un chausson avec ça?

De plus en plus d’articles sont écrits sur l’importance d’encourager les Québécois dans la soixante à demeurer sur le marché du travail ou d’y retourner s’ils l’ont quitté. Pénurie de main-d’œuvre, inflation élevée, besoin de socialisation, tout y passe. Récemment, Luc Godbout et Suzie St-Cerny ont publié « Un regard éclairé sur le travail une fois à la retraite »[1], dans le même but.

Le professeur Godbout tire la conclusion qu’il est « payant » de travailler à la retraite et il a tout à fait raison. Cependant, il y a un enjeu de perception ici. En effet, « payant » pour un pourrait ne pas l’être pour l’autre. Dans son article, le professeur Godbout nous invite à utiliser le simulateur[2] du gouvernement du Québec afin de vérifier, si effectivement, il peut être payant de travailler après la retraite.

Quelques simulations sur le calculateur nous apprennent qu’un retraité de 65 ans touchant le maximum de la RRQ (15,043.08$ ou 1,253.59$ mensuellement) et la PSV (8,001.96$ ou 666.83$ mensuellement) conserverait, en pourcentage, les montants suivants selon les revenus de salaire gagnés :

Ainsi, pour un travailleur retraité gagnant 10,000$ en salaire par année, il conserve 70,4% alors que le même individu gagnant 100,000$ n’en conserve que 48,9%. Sans vouloir faire simple, un employé d’un « McDonald » aura plus d’intérêt à retourner travailler qu’un ingénieur.

Cependant, il faut avouer que la différence existe aussi pendant notre vie active, mais lorsque nos meilleures années sont derrière nous, je crois que la valeur de nos heures personnelles devient plus importante. Il s’agit donc d’un débat qui touche autant les finances personnelles, les valeurs des individus que les finances des gouvernements, sans oublier l’équité au niveau de la société.

Pour la planification de la retraite, on peut en conclure qu’avec un salaire ne dépassant pas 50,000$ par année, il nous reste un peu plus de la moitié dans nos poches. Certains diront, que ce revenu annuel couvre une partie importante des emplois disponibles actuellement, mais nous avons aussi besoin de pourvoir les postes dans les revenus qui dépassent 50,000$ par année.

Si par exemple, je touche 100,000$ de revenus annuellement, lorsque j’aurai atteint l’âge de 65 ans, pour des raisons strictement de finances personnelles, il devient moins intéressant pour moi de poursuivre le travail. Pourtant, mon employeur pourrait scinder mon poste en deux. En effet, deux personnes ayant les compétences pour occuper mon poste à mi-temps ne représenteraient pas un supplément significatif pour mon employeur et permettraient à ces deux mêmes personnes de toucher 50,000$ par année en travaillant à temps partiel.

Historiquement, les employeurs ont toujours été « frileux » pour ce type d’arrangement. Personnellement, je sais que le gouvernement fédéral le permet sur certains postes depuis plusieurs décennies. Il serait donc temps que les employeurs changent leurs paradigmes et le permettent aussi.

Toujours dans le même exemple, imaginons que cet individu quitte à 65 ans avec un revenu de pension de 50,000$ par année, combinant rente, REER, RRQ et PSV, représentant 50% de ces revenus lorsqu’il était actif. En acceptant de poursuivre son travail à mi-temps, pour un salaire de 50,000$ par année, il pourrait gagner autant que pendant sa vie active et, si sa santé lui permet, ajouter 5 ans de service à son employeur dans un poste qu’il connaît très bien.

Il va de soi que cela ouvre aussi la possibilité aux travailleurs de 50 ans et plus d’envisager une semi-retraite. C’est-à-dire, de partager un poste comme dans l’autre exemple, mais sans percevoir sa rente de retraité, incluant la RRQ et la PSV, avant l’âge de 65 ans ou même, 70 ans. Ainsi, selon la situation, notre travailleur de 50 ans et plus pourrait recevoir 50,000$ par année comme salaire pour un « demi-poste » et dès l’âge de 65 ans ou 70 ans, selon le choix, il pourrait sans doute (s’il possède un régime de retraite ou des placements enregistrés), percevoir l’équivalent du 50,000$ annuellement via sa rente, sa RRQ et sa PSV.

Évidemment, comme le professeur Godbout le suggère, un retraité recevant sa rente et qui revient sur le marché du travail, devrait avoir l’option de ne plus contribuer à la RRQ, même si cela implique que sa rente demeurera la même. De plus, cela devrait être la même chose, il devrait avoir l’option de ne pas participer au régime de retraite de l’employeur lorsque celui-ci en offre un.

Il est donc possible de trouver des solutions équitables pour toutes les générations de travailleurs, lesquelles permettront d’encourager les retraités qui le souhaitent à demeurer sur le marché du travail même, si ce n’est qu’à mi-temps.

Ces solutions doivent aller au-delà des emplois moins bien rémunérés et cela va de soi, ayant des critères de formation moins exigeants que d’autres emplois mieux rémunérés et spécialisés, mais dont les besoins sont d’autant plus criants avec les départs de nombreux « boomers » pour la retraite.

En bref, nous devons nous sortir du cliché du retraité qui occupe un poste chez « McDonald » afin de passer le temps et qui vous demandait à l’époque… « Un chausson avec ça? ».

LE RÔLE DU PLANIFICATEUR FINANCIER

Ce type de stratégie fait partie du quotidien d’un planificateur financier. En fonction de ses permis d’exercices, il vous conseillera et saura s’entourer d’autres professionnels selon les expertises requises.

Comme le précise l’Institut québécois de planification financière (IQPF)[3] :

La planification financière personnelle est un processus qui consiste à optimiser votre situation financière et votre patrimoine. La planification financière intègre les connaissances des sept domaines suivants : aspects légaux, assurance et gestion des risques, finances, fiscalité, placements, retraite et succession.

Le rôle du planificateur financier est de vous aider dans l’élaboration de votre planification financière en vous traçant un plan d’action stratégique entièrement adapté à vos besoins et tenant compte de vos contraintes et de vos objectifs personnels. Il vous propose ensuite des stratégies et des mesures cohérentes et réalistes pour atteindre les objectifs que vous vous êtes fixés. Ce sont des atouts précieux pour suivre de près l’évolution de votre patrimoine et prendre la bonne décision au bon moment.

N’hésitez donc pas à consulter un planificateur financier reconnu par l’IQPF[4].


[1] https://cffp.recherche.usherbrooke.ca/un-regard-eclaire-sur-le-travail-une-fois-a-la-retraite/

[2] http://www.budget.finances.gouv.qc.ca/budget/outils/revenu-travail-retraite-fr.asp

[3] https://www.iqpf.org/services-au-public

[4] https://www.iqpf.org/services-au-public/repertoire

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