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Plus d’un investisseur sur quatre a des doutes face aux prétentions des fonds ISR

par Clément Hudon, Pl. Fin., FCSI, BAA, M. Sc.
Professeur en planification financière
École des sciences de l’administration
Université TÉLUQ

 

Plus d’un investisseur sur quatre a des doutes face aux prétentions des fonds ISR

Comme mentionné lors de mes différents articles sur mon blogue, j’ai entamé une recherche en lien avec la « finance responsable ». Le but de mon projet de recherche est de valider si des entreprises étiquetées comme étant « responsables » ont un effet positif dans le rendement du portefeuille d’investissement des Canadiens. Par « responsables », j’entends, durable, éthique, socialement responsable, etc.

Présentation de mon projet de recherche :

https://hexagoneconseils.ca/2018/10/08/mon-projet-de-recherche-universitaire/

Présentation de mes premiers constats :

https://hexagoneconseils.ca/2019/10/15/ma-recherche-sur-linvestissement-socialement-responsable-isr-mes-premiers-constats/

En mars 2020, j’ai effectué deux sondages sur les fonds ISR (Investissement socialement responsable), un pour les conseillers et un pour les investisseurs. Les sondages ont été disponibles pendant quelques mois, pandémie oblige et, en date du 1er juin 2020, j’ai compilé les résultats obtenus. Essentiellement, les deux sondages étaient les mêmes sauf pour les questions permettant de préciser l’expérience du conseiller ou de l’investisseur, selon le cas.

Vous comprendrez que ma recherche possède un budget très limité (lire, inexistant) et qu’ainsi, je suis aussi limité pour ce qui des sondages de masse, lesquels m’auraient permis une plus grande précision dans les résultats obtenus.

Néanmoins, avec une centaine de participants, 80% comme investisseurs et 20% comme conseillers, je suis persuadé que les résultats des sondages donnent une bonne idée de la perception des participants vis-à-vis les fonds ISR, malgré le fait que mes sondages ne rencontrent pas le test d’un sondage scientifique (nombre de participants peu élevé).

Cependant, je tiens à préciser que la prochaine étape de cette recherche consistera à une série d’entrevues individuelles auprès de conseillers et d’investisseurs, toujours sur les fonds ISR, afin d’en apprendre plus sur leurs perceptions face à ce type d’investissement.

Voici donc les questions des sondages, les réponses et l’interprétation que j’en ai faites :

Q1 – Comment évaluez-vous votre connaissance des fonds ISR?

62% des investisseurs considèrent qu’ils ont des connaissances faibles sur les fonds ISR, alors que moins de la moitié des conseillers prétendent en avoir de bonnes (44%), voire d’excellentes (6%).

Ce taux relativement élevé de manque de connaissances des fonds ISR de la part des investisseurs est en lien avec les observations au sein de l’industrie peuvent expliquer les réponses suivantes au sondage.

Q2 – Selon vous, est-ce que la décarbonisation est une façon de faire « ISR »?

La décarbonisation[1] est très incomprise autant par les investisseurs (84%) que les conseillers (82%) puisqu’une majorité des participants affirment que c’est une façon de faire ISR. En réalité, ce n’est pas le cas.

La majorité des manufacturiers de fonds ISR choisissent des entreprises qui respectent déjà les critères ISR ou qui démontrent des intentions de les respecter. Ces intentions sont examinées par les gestionnaires des fonds et ils décident s’ils acceptent l’entreprise pour ce qui est d’y investir.

Non seulement est-ce arbitraire, cela ne prend pas en considération les souhaits des investisseurs ou pire, ce qui arrive avec les entreprises qui dépendent du pétrochimique sans produire de « pétrole » pour autant. Un manufacturier de produits en plastique moulé est un exemple.

Q3 – Selon vous, un fonds ISR à un rendement annuel moyen…

Ici on constate que les gens du marketing des fonds ISR font un remarquable travail puisque 89% des conseillers et 52% des investisseurs croient que les rendements des fonds ISR sont égaux ou supérieurs aux rendements des fonds qui ne sont pas ISR.

Le problème c’est que la majorité des études pour évaluer les rendements ne tiennent pas compte de ce que la majorité des gens perçoivent comme digne d’un fonds ISR. L’exemple du pétrochimique en est un. Pour certains, si on inclut ce type d’entreprise, cela gâche tout et ce n’est pas ISR pour eux.

Comme je l’ai mentionné, les manufacturiers de fonds ISR ont la possibilité d’user de leur discrétion pour accepter une entreprise qui n’est pas ISR, mais qui fait des efforts pour y arriver. Ces efforts sont évalués par les gestionnaires du fonds ISR en fonction de leurs propres critères.

Finalement, lorsqu’on regarde la croissance des actifs dans les fonds ISR dans les dix dernières années, on en vient à penser que toutes les entreprises sont ISR tellement la croissance est incroyable. Pourtant, les gestionnaires de fonds ISR ne s’en cachent pas. Ils expliquent qui si on éliminait le pétrochimique des portefeuilles ISR sous gestion, il n’y aurait pas de rendement et les investisseurs iraient ailleurs[2].

Q4 – Selon vous, si l’entreprise A est cliente de l’entreprise B et que celle-ci (A) représente 80% du volume d’affaires (de B), devraient-elles être considérées comme faisant partie de la même industrie?

Alors que plus de 79% des conseillers croient que « oui », les investisseurs sont divisés (49-51). Lors de mes premiers constats sur ma recherche[3], j’ai mentionné qu’il était particulier qu’une entreprise n’ayant que des clients de l’industrie A puisse être considérée comme une entreprise de l’industrie B. Pourtant c’est le cas.

Actuellement, une entreprise de plomberie qui n’a que des clients de l’industrie pétrochimique ne serait pas considérée comme faisant partie de cette industrie. Cette situation amène donc plusieurs anomalies lorsque vient le temps d’analyser les composantes d’un fonds ISR.

Q5 – Selon vous, est-ce que tous les gestionnaires de fonds ISR adhèrent aux mêmes règles et aux mêmes façons de choisir les entreprises qu’ils sélectionnent?

Ici, les conseillers (90%) et les investisseurs (81%) croient que les gestionnaires n’adhèrent pas aux mêmes règles. Ce qui est le cas, comme je l’ai mentionné plus tôt puisque chaque gestionnaire est libre d’interpréter les efforts des différentes entreprises qu’il analyse par rapport au respect des règles ISR.

Ainsi, trois fonds ISR aux noms comparables, gérés par trois manufacturiers distincts (ex. Desjardins, Banque Nationale et Banque de Montréal) pourraient avoir des entreprises différentes dans le sens d’entreprises qui qualifieraient pour le fonds ISR d’un manufacturier, mais pas pour l’autre. Alors, comment comparer les rendements?

Imaginez le dilemme éthique lorsque l’une des entreprises étudiées pour l’inclusion dans un fonds ISR du manufacturier est aussi une importante entreprise emprunteuse de la société mère de ce même manufacturier de fonds. Une norme appliquée uniformément par tous les manufacturiers éviterait ces situations.

Q6 – Selon vous, une entreprise de l’industrie pétrolière a-t-elle sa place dans un Fonds ISR?

Alors que 70% des conseillers croient que « oui », c’est « non » pour 70% des investisseurs. Un bel exemple entre ce qui est offert par les manufacturiers ISR et ce qui est souhaité par les investisseurs. Encore une fois, on ne parle même pas des entreprises qui dépendent de l’industrie pétrolière comme, celle des plastiques, des huiles, etc.

C’est probablement ce qui est le moins accepté par les investisseurs, malgré les explications offertes par les manufacturiers de fonds ISR. Pourtant, ceux-ci ne proposent pas des entreprises du tabac, mais sont confortables avec le pétrole, les mines et autres entreprises décriées par les investisseurs « verts ».

Q7 – Selon vous, une institution financière qui a comme client une entreprise ne qualifiant pas comme ISR perd-elle sont droit d’être considéré ISR aussi?

Autant pour les investisseurs (64%) que les conseillers (75%), les participants s’entendent pour dire que l’institution financière ne devrait pas perdre son droit d’être considéré ISR même si elle finance des entreprises que devraient être exclues du ISR, comme les pétrolières.

Pourtant, sans financement bancaire, sans compte pour les transactions, aucune entreprise pétrolière ne pourrait opérer. Dans mes premiers constats[4], j’ai fait le lien avec les « vendeurs de drogues », c’est toujours aussi pertinent comme comparaison.

Q8 – Selon vous, un fonds spécialisé dans le « non ISR », comme les pétrolières, les minières, le tabac, les armes à feu, etc. auront un rendement annuel moyen…

Dans ce cas, 52% des investisseurs croient que les rendements « non ISR » sont plus élevés que les rendements ISR. Chez les conseillers, c’est 39%, mais c’est la même hypothèse qui remporte le plus de votes.

Ironiquement, avec des fonds ISR qui acceptent des entreprises qui ne devraient pas être acceptées selon les investisseurs « verts », il devient difficile de vraiment comparer. Probablement que si les fonds ISR étaient « purs », les rendements des fonds « non ISR » seraient plus élevés.

Qui a dit que les valeurs étaient « payantes »? Les valeurs ne s’ajustent pas en fonction des rendements, il devrait en être ainsi pour les fonds ISR.

Q9 – Pour laquelle de ces raisons ne recommanderiez-vous pas des fonds ISR (Investissement socialement responsable)? (…raisons n’achèteriez-vous pas…) pour les investisseurs?

Ici nous avons un beau lien entre ce que les investisseurs répondent et les réponses des conseillers. Il semble que 63% des investisseurs n’achètent pas de fonds ISR par manque de connaissance (formation) alors que les conseillers nous informent que plus de 47% de ceux-ci n’en vendent pas à leurs clients, car cela ne les intéresse pas. Évidemment, si l’on ne connaît pas quelque chose, il est bien rare que cela va nous intéresser.

Une statistique très intéressante ici, près d’un participant sur quatre ne croit pas aux prétentions des fonds ISR, conseillers (24%) et investisseurs (28%). Probablement pour les raisons déjà mentionnées. Le manque d’une certaine transparence de la part des manufacturiers ISR combiné au sentiment de ne pas être entendus de la part des investisseurs (ex. entreprises pétrochimiques) et au besoin de formation pourrait expliquer ce manque de confiance.

Q10 – Vous êtes habiletés à conseiller l’achat et la vente de fonds depuis combien de temps? (…un investisseur…) pour les investisseurs?

L’expérience des investisseurs était variée au moment du sondage, 30% avaient plus de 11 ans d’investissements derrière eux alors que pour les conseillers, 47% avaient plus de 11 ans de conseils aux investisseurs.

Conclusion

Il semble bien que le fait de ne pas avoir d’uniformisation sur les normes dans la composition des fonds ISR amène une certaine confusion autant chez les investisseurs que les conseillers. Un peu plus d’uniformisation entre les différents fonds ISR permettrait aux investisseurs de mieux comparer le rendement des différents fonds ISR et ainsi, d’investir en toute connaissance.

Le manque de connaissance des différents fonds ISR et même des fonds ISR dans le sens large, combiné au manque de crédibilité de ce type de fonds pour certains investisseurs et conseillers, démontre qu’il y a encore beaucoup de travail d’éducation à faire.

L’article dans « Finance et investissement », au sujet des ESG (ISR), mentionne qu’il faut en parler[5], que les conseillers doivent se lancer, mais il semble y avoir aussi un certain niveau de condescendance de la part des manufacturiers de fonds ISR dans le fonctionnement des leurs fonds.

Les gestionnaires des fonds ISR font preuve de transparence et expliquent qu’ils agissent dans le meilleur intérêt des investisseurs et qu’ils savent mieux que ceux-ci, ce qui est approprié pour un fonds ISR. L’exemple du secteur pétrochimique (décarbonisation) en est un.

Il ne s’agit de débattre si les manufacturiers de fonds ISR ont raison, le problème est lié au fait que les investisseurs ont le sentiment de ne pas être écouté. Une division plus claire des différents types de fonds ISR permettrait aux investisseurs de s’y retrouver plus facilement, mais surtout, ils auraient le sentiment d’être écoutés.

Comme je l’ai déjà mentionné dans un article sur la décarbonisation[6], on pourrait fonctionner via trois types de placements : conforme ISR, en transition vers la conformité ISR et non conforme ISR.

Chaque investisseur pourrait pondérer son portefeuille en fonction de ses propres valeurs vis-à-vis chacune de ces trois catégories de placements. Par la suite, les différentes pondérations évolueraient dans le temps, selon le comportement des entreprises face aux normes ISR et à l’évolution des valeurs de chaque investisseur.

Qu’en pensez-vous? L’ensemble de votre portefeuille géré selon le bon vouloir du manufacturier OU un mixte des différentes catégories de fonds qui sont en lien avec vos valeurs?

 

Tableau des résultats des sondages (20200601)

 

[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9carbonation

[2] https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1127713/reer-verts-investissements-petrole-societerre-desjardins

[3] https://hexagoneconseils.ca/2019/10/15/ma-recherche-sur-linvestissement-socialement-responsable-isr-mes-premiers-constats/

[4] https://hexagoneconseils.ca/2019/10/15/ma-recherche-sur-linvestissement-socialement-responsable-isr-mes-premiers-constats/

[5] https://www.finance-investissement.com/nouvelles/developpement-des-affaires/lesg-il-faut-en-parler/

[6] https://hexagoneconseils.ca/2020/04/12/decarbonisation-impacts-sur-ma-retraite/

Le mirage du communisme

par Clément Hudon, Pl. Fin., FCSI, BAA, M. Sc.
Professeur en planification financière
École des sciences de l’administration
Université TÉLUQ

En suivant l’actualité pendant et avant la pandémie liée à la COVID-19, on dénote une tendance à vouloir revoir notre système économique. On martèle haut et fort que le capitalisme ou l’économie du libre marché si vous préférez, est responsable de tous les maux.

Avant la pandémie, c’était pour sauver la planète, laquelle ne pouvait survivre dans un système de croissance économique perpétuelle, la base d’un système capitaliste. On devait donc y mettre fin. Depuis la pandémie, le système capitaliste a le dos large, si vous permettez, et que cela soit via la mondialisation, le libre-échange ou la croissance économique, c’est le capitalisme qui serait la cause de tous nos problèmes.

À cela, il faut maintenant additionner des déficits aux proportions gigantesques, une remise en question des travailleurs qui se demandent pourquoi ils couraient toujours pour avoir du temps avec leur famille avant la pandémie. Aux conditions de vie annoncées dans un monde post-COVID-19 s’ajoutent l’environnement et la planète, toujours aussi négligés.

Ainsi, puisque c’est la faute du capitalisme, du laxisme de l’État (ex. : CHSLD), combiné aux écarts entre les riches et les pauvres qui sont accentués par la pandémie, on cherche un nouveau système économique qui nous permettra de regrouper tous ces problèmes et de les faire disparaître comme par magie, car… « Ça va bien aller! ».

Cela me rappelle les résolutions du Nouvel An, les engagements que l’on prend envers soi-même au lendemain d’une cuite. Je ne sais pas pour vous, mais personnellement, mes résolutions et mes engagements lors de mes lendemains de veille n’ont jamais été un succès!

Perspective monde de l’Université de Sherbrooke définit le socialisme et le communisme comme suit « Dans le socialisme, l’État constitue le maître d’œuvre de l’activité économique et sociale dans la mesure où il est le propriétaire des moyens de production. Dans le communisme, l’État n’existerait cependant plus ; la communauté aurait établi des mécanismes de régulation et d’autodiscipline sans qu’on ait recours à une entité étatique.[1] ».

Dans le système économique parfait (lire, utopique), on se débarrasserait de l’État, reconnu pour son laxisme. On éliminerait le système capitaliste, reconnu pour n’être bon que pour les riches et on sauverait la planète de la croissance économique perpétuelle.

En théorie, le système parfait serait donc basé sur une sorte de communisme. En réalité, c’est un mirage. Un mirage que les moins jeunes ont connu sous les formes de l’URSS, de la Chine de Mao, du Vietnam ou encore, de Cuba.

Comme dans tout système, il y a du bon, mais il y a du moins bon et dans celui-ci, beaucoup de moins bon… particulièrement pour les individus qui y perdent leur liberté de choix, une liberté combien importante, mais inappréciée par beaucoup de citoyens vivants dans des pays où leurs droits et libertés sont protégés.

Le système capitaliste n’est pas parfait, mais il nous donne la chance de faire des choix et de les assumer. C’est probablement cette difficulté d’assumer nos obligations qui vont avec nos choix qui nous fait défaut. On se rappelle nos droits, mais on oublie facilement nos obligations.

On blâme les méchants « Walmart », mais le stationnement est toujours plein (avant la pandémie). On parle de voitures électriques, mais le Ford F-150 est toujours le camion le plus vendu année après année. On encourage l’achat local, mais on choisit le bien produit à l’étranger, car il coûte moins cher puisque les producteurs étrangers ont tendance à ne pas respecter nos lois sur l’environnement et nos conditions de travail pour leurs employés.

En bref, on fait de l’aveuglement volontaire. Le communiste ou toutes formes de système économique semblable ne changeront qu’une chose. Si vous choisissez l’aveuglement volontaire au niveau des règles de vie de ce nouveau système, les pénalités pour vous remettre dans « le droit chemin » seront létales. Il ne peut en être autrement dans un tel système.

Imaginez ce qui arrivait à un citoyen de l’URSS qui était pris à faire ce que nous appelons « travailler au noir », à ceux qui portent ou ne portent pas le masque, selon la doctrine choisie par l’État, à ceux qui ne sont tout simplement par en accord avec la politique officielle malgré des arguments tout à fait valides?

Il est beaucoup plus efficace d’améliorer son alimentation et de faire un peu d’exercice pour perdre du poids que de dépenser pour une pilule coupe-faim ou pire, un appareil qui nous donne des chocs électriques pendant qu’on est assis à regarder une émission de télévision.

Avant de souhaiter un nouveau système miracle comme si c’était un régime alimentaire, rappelons-nous qu’il est beaucoup plus réaliste de corriger celui que nous avons déjà et qui nous permet la liberté de choix.

Qu’en pensez-vous ? Pouvons-nous devenir responsables dès maintenant?

 

 

[1] http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMDictionnaire?iddictionnaire=1635

Maslow et l’environnement

par Clément Hudon, Pl. Fin., FCSI, BAA, M. Sc.
Professeur en planification financière
École des sciences de l’administration
Université TÉLUQ

Maslow et l’environnement

Une bonne partie de la population a entendu parler de la « Pyramide de Maslow[1] ». Disons que sa pyramide est utilisée à toutes les sauces, alors pourquoi ne pas l’adapter à l’environnement, plus encore, à notre intérêt envers la planète.

La pyramide explique la hiérarchie des besoins de l’être humain en fonction de sa propre évolution, qu’elle soit financière ou spirituelle, à chacun de choisir.

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À la base de la pyramide, nous retrouvons les besoins physiologiques, suivis des besoins de sécurité, des besoins d’appartenance et d’amour, du besoin d’estime et finalement, du besoin d’accomplissement de soi.

Sans tomber dans la théorie, on comprendra qu’avant d’avoir pu combler les besoins physiologiques et les besoins de sécurité, il est difficile pour la très grande majorité des êtres humains de se préoccuper d’enjeux en lien avec l’environnement.

Actuellement, l’engagement envers l’environnement tient beaucoup dans les besoins d’appartenance et d’amour. C’est la mode, tout le monde en parle, tout le monde le fait, fais-le donc! Force est de constater que plusieurs le disent, mais pas tous le font, comme je l’ai déjà mentionné dans l’un de mes articles[2]. On le fait, tant qu’il ne faut pas trop changer nos habitudes.

Souvent, lorsqu’une nouvelle entreprise s’installe dans un coin de pays, on parle beaucoup plus de création d’emplois[3] que de l’historique de respect des lois sur l’environnement de cette même entreprise. Il faut bien manger les gens vous diront.

Le besoin suivant, celui d’estime, est la raison pour laquelle plusieurs personnes très engagées dans la cause de l’environnement le font. Sans nommer personne, nous n’avons qu’à regarder les médias et les experts cités tombent sans doute dans cette catégorie. Pour eux, l’environnement ce n’est pas une mode, c’est pratiquement une religion.

Finalement au firmament des besoins trône le besoin d’accomplissement de soi. Un individu comme David Suzuki[4] serait sans doute l’une des meilleures représentations. Lorsqu’on parle d’environnement, il est beaucoup plus qu’une sommité, si la catégorie précédente fait le lien avec la religion, ici, David Susuki, c’est le pape de l’environnement!

Oui, je sais. Qu’en est-il de Greta Thunberg[5]. Je vous répondrai que lorsque cette dernière aura les états de services envers l’environnement comme c’est le cas pour David Susuki; il me fera plaisir de l’ajouter dans cette catégorie.

COVID-19[6], Maslow et l’environnement

La pandémie reliée au COVID-19 nous amène à craindre que les avancées des dernières années au sujet de l’environnement soient à risque d’être anéanti. Non seulement par le fait qu’actuellement nous ne parlons que de la pandémie, mais qu’après celle-ci, viendront les impacts financiers mondiaux, désastreux pour nos réalisations.

Lorsqu’on revient aux besoins de base de l’être humain, physiologiques et de sécurité, on comprend qu’une crise financière mondiale remettra en cause la réalisation de ces besoins chez de nombreuses personnes. Ainsi, la réalisation du besoin en lien avec l’appartenance et l’amour ne sera plus une priorité donc, l’environnement écopera.

En effet, sans revenus et après avoir perdu une partie de ses épargnes, la population sera beaucoup plus sensible à la création d’emplois qu’aux enjeux environnementaux. La priorité sera au niveau des revenus d’emplois et non sur l’habitude de l’entreprise à respecter ou non les différentes lois sur l’environnement.

Une preuve qu’à la base, on se préoccupe plus de nos besoins physiologiques et de sécurité, c’est la création du « Panier bleu » par le gouvernement du Québec et l’importance de l’achat local. D’ailleurs, mon collègue, le professeur Denis Robichaud de l’Université TÉLUQ a écrit un bel article au sujet de l’achat local[7].

Cet article fut cité par plusieurs de nos concitoyens, tous convaincus que maintenant, ils allaient privilégier l’achat local et que de toute façon, si nos entreprises locales avaient des difficultés, c’était à cause des « Walmart de ce monde » et non à cause de notre tendance à en vouloir le plus possible pour notre argent. Blâmons les grandes surfaces, mais ne nous blâmons surtout pas.

Ce faisant, pour ce qui est de prioriser l’environnement, allons-nous encourager une entreprise locale respectant les critères environnementaux et punir une entreprise étrangère qui n’en respecte aucun, mais dont les prix de ces produits sont moindres que ceux offerts par cette même entreprise locale?

Avant la pandémie, plusieurs des arguments des scientifiques et des environnementalistes étaient complètement ignorés par une partie de la population, incluant des décideurs. Si la situation était telle pendant une des plus longues prospérités économiques au niveau de la planète, imaginez comment ces mêmes arguments seront reçus pendant ce qui s’annonce comme l’une des pires récessions mondiales.

Allez à l’encontre de Maslow

La seule façon de ne pas perdre les acquis qui ont été faits au cours des dernières années serait d’aller à l’encontre de Maslow, à l’encontre de nos propres besoins comme être humain. De mettre les besoins de l’être humain de demain devant les besoins de l’être humain d’aujourd’hui.

Comment aller à l’encontre de nos peurs, de nos voisins, de certains membres de notre famille et même de certains de nos collègues de travail? Par des arguments scientifiques. Cette pandémie mondiale aura au moins permis de prouver que plusieurs des arguments des scientifiques et des environnementalistes étaient fondés.

Déjà, plusieurs experts font des liens entre la pandémie COVID-19 et l’environnement. Ils prétendent que c’est le non-respect de notre planète[8] qui nous a amené cette pandémie. D’autres vous diront que c’est la mondialisation[9] alors que pour certains, c’est la consommation[10], lire le capitalisme[11]. Pour d’autres, c’est la surpopulation[12].

Ainsi, le fait d’avoir notre première pandémie mondiale de l’aire moderne a permis de démontrer que c’était non seulement possible et à moins de changer nos habitudes, il y en aura d’autres. J’ai beau dire que c’est notre première pandémie et que l’on sera meilleur pour la prochaine, l’idéal serait de ne pas avoir de prochaine!

Le défi de changer demeure, comme le mentionnent si brillamment deux collègues universitaires dans un article récemment publié[13], historiquement nous avons fait face à des pandémies, mais nous n’avons pas adopté les changements nécessaires par la suite.

Une piste de solution

Le Dr Horacio Arruda, directeur national de la Santé publique et sous-ministre adjoint à la Direction générale de la santé publique au ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec, nous a mis sur la bonne piste avec son épinglette aux nombreuses couleurs.

Tout comme le mentionnaient récemment Emmanuelle Létourneau et Rosalie Vendette dans un article[14], la solution débute avec cette épinglette représentant les objectifs de développement durable des Nations Unies, lesquelles proposent 17 objectifs pour sauver le monde[15].

Ces objectifs de développement durable nous donnent la marche à suivre pour parvenir à un avenir meilleur et plus durable pour tous. Ils répondent aux défis mondiaux auxquels nous sommes confrontés, notamment ceux liés à la pauvreté, aux inégalités, au climat, à la dégradation de l’environnement, à la prospérité, à la paix et à la justice.

Interconnectés pour ne laisser personne de côté, ces objectifs démontrent qu’il est important d’atteindre chacun d’entre eux, et chacune de leurs cibles, d’ici à 2030.

Si notre pays et nous-mêmes y adhérons, cela sera le début d’un changement.

 

 

[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/Pyramide_des_besoins

[2] https://hexagoneconseils.ca/2020/02/17/je-suis-catholique-mais-je-ne-pratique-pas/

[3] https://www.lapresse.ca/environnement/economie/201903/09/01-5217683-projet-gazier-le-saguenay-leconomie-ou-lenvironnement.php

[4] https://fr.davidsuzuki.org/la-fondation/

[5] https://fr.wikipedia.org/wiki/Greta_Thunberg

[6] https://fr.wikipedia.org/wiki/Pand%C3%A9mie_de_maladie_%C3%A0_coronavirus_de_2019-2020

[7] https://www.journaldequebec.com/2020/04/20/la-covid-19-la-chine-walmart-et-le-centre-dachats-des-colocs-contre-leconomie-locale?fbclid=IwAR0C75mhXcdVC1-GULEINULi2m7cW7nyVcDHyoYVlU5v_ICsuNiD00_JFTs

 

[8] https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1689161/coronavirus-environnement-deforestation-animaux-biodiversite-braconage?fromApp=appInfoIos&partageApp=appInfoiOS&accesVia=partage

[9] https://www.journaldequebec.com/2020/03/31/legault-sattend-a-une-demondialisation-apres-la-crise-1

[10] https://plus.lapresse.ca/screens/13228f82-8c98-4cd7-923d-52f14c499f0c__7C___0.html?utm_medium=Email&utm_campaign=Internal+Share&utm_content=Screen

[11] https://www.lapresse.ca/arts/litterature/202003/30/01-5267194-la-pandemie-declencheur-de-lesprit.php

[12] https://www.journaldemontreal.com/2020/03/26/sept-milliards-dhumains-sur-terre-sommes-nous-trop-nombreux

[13] https://www.lapresse.ca/covid-19/202004/30/01-5271633-changerons-nous-vraiment-.php

[14] https://www.lapresse.ca/debats/opinions/202005/02/01-5271900-lepinglette-dhoracio-arruda-une-source-dinspiration-pour-les-entreprises-et-les-financiers.php

[15] https://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/objectifs-de-developpement-durable/

Notre salut économique passe par la formation et non par le Panier bleu

par Clément Hudon, Pl. Fin., FCSI, BAA, M. Sc.
Professeur en planification financière
École des sciences de l’administration
Université TÉLUQ

À l’aube d’une crise économique sans précédent, on ne peut que saluer l’initiative d’achat local du gouvernement du Québec. Dans le but d’encourager la création et le maintien des emplois via l’achat local, le gouvernement du Québec a lancé le Panier bleu[1].

Malheureusement, cette approche a plusieurs limites. L’une des plus importantes est l’achat de biens produits à l’extérieur du Québec et du Canada. En effet, encourager l’achat des biens produits et des services offerts par nos concitoyens au lieu de favoriser l’importation est une excellente initiative.

Sans le nommer directement, on comprend que l’achat en ligne de type « Amazon » est visé par cette stratégie, mais ce type d’entreprise a plus de succès avec les biens produits à l’extérieur du pays qu’avec les biens produits localement.

À titre d’exemple, si je souhaite faire l’achat d’un disque dur portatif pour mon ordinateur, il est probable que ce bien est produit à l’extérieur du pays. Imaginons un prix d’achat de 10$ via « Amazon », laquelle me livre le bien en question, directement à ma porte. Imaginons que le même bien est offert au prix de 12$ par le détaillant local.

Je serai donc invité à encourager l’achat local et payer 2$ de plus pour le même bien. Je ne sais pas pour vous, mais je ne crois pas que la plupart des gens vont accepter de donner 2$ au détaillant local pour le même bien offert en ligne à 10$.

Sans tomber dans l’absurde, certains diront que si j’achète les ingrédients chez l’épicier en ligne pour faire ma recette préférée, laquelle est aussi offerte par mon restaurant local, à un coût de 5$ de plus par portion, devrais-je lui remettre ce 5$, car je me suis fait livrer les ingrédients?

Comme je l’ai déjà mentionné dans un autre article[2], il n’y a actuellement aucune taxe pour compenser les impacts environnementaux d’avoir acheté mon bien produit à l’extérieur du pays et de l’avoir fait livrer directement à ma porte. Une telle taxe permettrait d’obtenir une meilleure comparaison des prix pour les biens offerts localement, surtout, si on y ajoute une taxe en lien avec le respect de nos lois sur l’environnement ou encore mieux, les mêmes règles que pour l’investissement responsable.

Pour ce qui est de l’idée de limiter ou taxer les biens étrangers, du protectionnisme en quelque sorte, ce n’est pas une possibilité puisque le Canada est un pays exportateur de plusieurs biens partout dans le monde, surtout aux États-Unis. La fermeture de nos frontières aurait des conséquences pour plusieurs secteurs de notre économie et nous y perdrions au change. Pensons simplement à nos différentes ententes de libre-échange, l’exemple même du non-protectionnisme.

Évidemment, certains mentionneront que la pandémie liée au COVID-19 sonne le glas de la mondialisation. Cela est peu probable et même si nous avons constaté que nous ne pouvions pas être dépendants des autres pays pour certains biens (ex. les masques), il nous sera impossible d’être totalement autonome pour tout ce que nous consommons comme biens.

En bref, l’achat local pour les biens et services produits localement a plein de sens, mais cette stratégie ne fonctionne plus lorsque les biens proviennent de l’étranger. La solution pour sauver l’ensemble des travailleurs du commerce de détail? Il n’y en a pas. Le monde a changé et nous devrons trouver d’autres avenues pour ces travailleurs qui seront touchés par la nouvelle réalité économique, tout comme nous l’avons fait pour ceux qui produisaient naguère, le « Buggy Whip[3] » (fouet de cocher).

Quelles sont les avenues possibles? Il y a en a plusieurs puisqu’alors que certains secteurs cesseront de croître, d’autres débuteront, mais l’une se démarque, la formation : formation continue, formation d’appoint, formation professionnelle, formation universitaire, etc.

Il fut un temps ou lorsque l’on terminait l’école, qu’on eût fini le secondaire, le collégial ou même l’université, c’était terminé. On avait le bagage académique nécessaire pour entreprendre notre carrière, celle qu’on avait choisie en fonction du travail souhaité. Aujourd’hui, les règles ont changé. La formation continue ou continuelle est la nouvelle norme, norme qui devra être soutenue fiscalement tout au long de notre carrière.

Les gouvernements devront encourager financièrement, via les coûts de formations et des crédits d’impôt, nos concitoyens touchés par ces changements à retourner sur les bancs d’école. À être formé pour les besoins actuels des entreprises, mais aussi, pour les besoins futurs, car notre société continuera d’évoluer.

Les entreprises aussi devront soutenir leurs employés dans leur formation continue, mais aussi dans la transition afin de passer d’un rôle à un autre plus facilement. Actuellement, les entreprises ont encore tendance à pratiquer ce que j’appelle le « typecasting »[4].

Le « typecasting », c’est ce qui arrive lorsque les recruteurs ont un penchant à voir un individu dans un certain rôle et qu’ils ont de la difficulté à l’imaginer dans un autre. Un exemple très simpliste. Vous étiez plombier et à la suite de votre nouvelle formation, vous êtes maintenant qualifié comme électricien.

Bien que vous postuliez sur des postes d’électricien, on vous regarde toujours comme un plombier et on vous sort toutes sortes d’arguments comme quoi votre expérience de plombier ne peut vous aider dans votre nouveau rôle d’électricien.

Comme si cela n’était pas assez, dès qu’un individu atteint l’âge de 50 ans, on pense à lui comme à un futur retraité. Pourtant « Liberté 55[5] » n’est qu’un concept de marketing puisque la majorité des gens accèdent à la retraite dans la mi-soixantaine. Ainsi, si vous êtes dans la cinquantaine et que vous venez de vous réorienter dans un nouveau domaine, vous faites face à un double défi.

C’est cet aspect que les entreprises doivent corriger. Un individu qui a fait les efforts nécessaires à réorienter sa carrière ne devrait pas avoir un obstacle supplémentaire en étant perçu comme arrivant en fin de carrière. Pire encore, être perçu comme une menace pour un nouveau gestionnaire souvent plus jeune que le candidat.

Notre gouvernement devrait-il baser sa stratégie pour la reprise économique sur l’achat local ou sur la formation des travailleurs?

 

 

[1] https://lepanierbleu.ca/

[2] https://hexagoneconseils.ca/2019/10/15/ma-recherche-sur-linvestissement-socialement-responsable-isr-mes-premiers-constats/

[3] https://www.vocabulary.com/dictionary/buggy%20whip

[4] https://hexagoneconseils.ca/2018/07/10/les-effets-du-typecasting/

[5] https://www.freedom55financial.com/fr.html

Décarbonisation – Impacts sur ma retraite

par Clément Hudon, Pl. Fin., FCSI, BAA, M. Sc.
Professeur en planification financière
École des sciences de l’administration
Université TÉLUQ

Depuis quelque temps, la majorité des bénéficiaires d’un régime de pension offert via leurs employeurs s’interrogent sur la nécessité d’exclure certains types de placements jugés inappropriés[1]. L’expression « décarbonisation » est très répandue actuellement[2]. Cette expression signifie simplement de ne plus investir dans l’industrie pétrolière et même de racheter les placements qui ont déjà été effectués.

L’Université du Québec, dont l’Université TÉLUQ fait partie, ne fait pas exception et on m’a récemment demandé mon avis à ce sujet. Lorsqu’on écoute son cœur, la question est simple à répondre, mais lorsqu’on prend le temps de mesurer les conséquences financières personnelles liées à cette décision, la réponse devient plus nuancée.

Récemment, Simon Michaux de la Geological Survey of Finland publiait « Oil from a Critical Raw Material Perspective[3] » dans lequel il mentionnait que « Today approximately 90% of the supply chain of all industrially manufactured products depend on the availability of oil derived products, or oil derived services » c’est-à-dire, aujourd’hui 90% des entreprises manufacturières sont dépendantes de l’industrie pétrolière soit directement par le pétrole, l’électricité, l’huile ou indirectement, via les autres produits dérivés tels les plastiques. En bref, nos entreprises manufacturières, lesquelles sont liées économiquement aux autres types d’entreprises, dépendent de l’industrie pétrolière.   Actuellement, les substituts au pétrole et à ses produits dérivés n’existent pas encore.

Ainsi, si nous n’investissons plus dans l’industrie pétrolière, via l’achat d’actions ou d’obligations, les frais d’exploitation des entreprises de cette industrie, tel le financement, va augmenter. Ce coût additionnel sera, par la suite, transféré dans le coût des produits offerts aux entreprises manufacturières et au bout du compte, à nous les consommateurs. D’un point de vue investissement, cela aura un impact sur la rentabilité de nos investissements via notre régime de retraite et même de nos RÉER et toutes formes d’investissements. À titre d’exemple, voici l’impact sur une rente en fonction de variation de quelques pourcentages de rendement :

Tableau investissement

La question devient donc très personnelle, car elle touchera directement votre rente de retraite. Malheureusement le problème ne s’arrête pas là. Il faut aussi tenir compte du déficit actuariel de la majorité des régimes de pension, ceux à prestations déterminées. Un déficit actuariel[4] est présent lorsque les sommes accumulées ne pourraient couvrir les prestations aux bénéficiaires si le régime cessait d’exister aujourd’hui. L’exemple le plus récent, « Groupe Capitales Médias[5] ».

Il y a donc un déficit actuariel lorsque le régime de retraite n’a pas l’argent qu’il devrait avoir au moment de sa fermeture. Il va de soi qu’au-delà des cotisations, c’est le rendement qui va nous permettre de profiter un jour de notre retraite. Si le rendement ne satisfait pas les attentes ou, si l’espérance de vie des bénéficiaires s’allonge plus que prévu, il y a un manque. Ce manque doit être comblé par les bénéficiaires et les employeurs en fonction des contrats propres à chaque régime.

En conséquence, une baisse de rendement augmentera le déficit actuariel des régimes de retraite. J’écris, augmentera, car ils sont pratiquement tous en déficit actuariel et cela depuis quelques années. En bref, une baisse de rendement aura un impact sur la rente de retraite, elle causera une augmentation de nos cotisations ou pire, la fin des régimes de retraite[6], les employeurs n’ayant simplement plus les moyens de les conserver.

Rassurez-vous, vos argents ne seraient pas perdus. Votre employeur respecterait les années cotisées et son engagement de vous verser une rente au moment de la retraite, mais il mettrait fin au régime comme tel et à partir du jour suivant, proposerait un régime à cotisations déterminées[7] ou encore pires, un régime à prestations cibles[8].

Certains vont faire le lien avec les investissements socialement responsables (ISR), investissements offerts via des fonds communs de placement par plusieurs institutions financières et autres conseillers en placement. Ils avanceront que les rendements de ce type de fonds sont tout aussi bons que celui des fonds qui font fi de ces critères.

En effet, c’est ce qui est prétendu pour ceux-ci, mais il y a deux bémols très importants. Le premier, ce type d’investissements inclut des entreprises qui font des efforts pour s’améliorer et ces efforts sont en fonction du jugement des mêmes organisations qui gèrent les fonds. Quoi de plus subjectif qu’un effort et c’est ce qui explique que plusieurs entreprises de l’industrie pétrolière se retrouvent à l’intérieur de fonds de type ISR[9].

Cependant, il ne faut pas perdre de vue que les ISR (par exemple, voir les Principes pour l’investissement responsable des Nations Unies[10]) demeurent une approche très positive, mais certaines questions demeurent sans réponses comme le témoigne l’article « Comment mesurer les répercussions réelles de l’ISR?[11] ». Il ne s’agit donc pas de critiquer négativement ces investissements, mais le fait d’être considéré ISR ne règle pas tout.

Le deuxième bémol est que les ISR ne tiennent pas seulement compte de l’industrie pétrolière. Plusieurs critères existent, notamment sur l’environnement, mais aussi d’autres comme les droits de la personne, des travailleurs, etc. Le rendement sera donc affecté par un ensemble de facteurs et ce n’est pas la même chose que d’éliminer une industrie comme c’est le cas avec la décarbonisation d’un régime de pension.

Ironiquement, on nous avise que la fin de la récréation est proche puisque « L’industrie pétrolière pourrait créer une crise financière, selon un rapport gouvernemental[12] », il faut dès maintenant s’attaquer à cette problématique, mais doit-on le faire drastiquement?

En bref, de désinvestir les placements dans l’industrie pétrolière et de ne plus y investir aura des impacts sur le rendement. Il serait plus rentable, autant pour nos régimes de pension que pour l’économie en tant que telle, de forcer les changements via un calendrier précis.

À titre d’exemple. On pourrait fonctionner via trois types de placements : conforme, en transition vers la conformité et non conforme. Conforme dans le sens d’investissements au sein d’entreprises exemplaires en fonction de normes reconnues (ex. ISO26000[13]). Un changement sur 10 ans donnerait ceci (ce qui peut être fait dans nos investissements personnels également) :

Transition 10 ans

La décarbonisation de son régime de retraite est donc une question qui demande réflexion. Avant de prendre une décision, prenez bien le temps de peser les différents enjeux.

 

 

 

[1] https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1502520/environnement-petrole-universite-investissements-canada?fromApp=appInfoIos&partageApp=appInfoiOS&accesVia=partage

[2] https://www.corporateknights.com/channels/responsible-investing/universities-abruptly-divest-stocks-fossil-fuel-industry-15820401/

[3] http://tupa.gtk.fi/raportti/arkisto/70_2019.pdf

[4] https://voir.ca/pierre-yves-mcsween/2014/01/24/le-deficit-actuariel-pour-les-nuls/

[5] https://www.lapresse.ca/affaires/medias/201912/18/01-5254206-groupe-capitales-medias-les-retraites-risquent-de-perdre-beaucoup.php

[6] https://www.finance-investissement.com/nouvelles/economie-et-recherche/vers-la-fin-des-regimes-a-prestations-determinees/

[7] https://www.rrq.gouv.qc.ca/fr/programmes/rcr/rcd/Pages/rcd.aspx

[8] https://www.rrq.gouv.qc.ca/fr/programmes/rcr/Pages/regime_prestations_cibles.aspx

[9] https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1127713/reer-verts-investissements-petrole-societerre-desjardins

[10] https://www.unepfi.org/fileadmin/documents/pri_francais.pdf

[11] https://www.conseiller.ca/nouvelles/economie/comment-mesurer-limpact-reel-de-lisr/?utm_source=Linkedin&utm_medium=social&utm_campaign=nouvelles

[12] https://www.lesaffaires.com/secteurs-d-activite/ressources-naturelles/lindustrie-petroliere-pourrait-creer-une-crise-financiere-selon-un-rapport-gouvernemental/615965

[13] https://www.iso.org/fr/iso-26000-social-responsibility.html

Environnement: La peur ne vend rien

par Clément Hudon, Pl. Fin., FCSI, BAA, M. Sc.
Professeur en planification financière
École des sciences de l’administration
Université TÉLUQ

Le titre de mon article m’est venu lorsque j’ai lu ce titre sur le site de la BBC[1] « JP Morgan economists warn of ‘catastrophic’ climate change » (traduction libre : Les économistes de JP Morgan annoncent des changements climatiques catastrophiques).

Lorsque j’ai lu ce titre et l’article, je me suis rappelé l’un des commentaires reçus à la suite de la parution de l’un de mes articles. Une lectrice mentionnait qu’elle avait apprécié mon texte et surtout que mon « argumentaire est facile à lire et donc incite à poursuivre la lecture jusqu’à la dernière ligne » et c’est le problème avec les articles comme celui que je viens de citer.

La majorité des gens ne liront pas ce genre d’article annonçant une catastrophe, une de plus qu’ils diront. Ils ne liront pas non plus un texte bourré de statistiques d’experts qui se comprennent entre eux, mais qui oublie que si le « commun des mortels » ne participe pas aux solutions proposées, rien ne changera.

Évidemment, nous devrions aussi avoir aussi un peu plus de cohérence dans ce que nous publions. À titre d’exemple on nous dit que la voiture électrique est l’avenir et pourtant, on nous informe que « La voiture la plus verte n’est pas toujours celle qu’on pense[2] ». Comme message contradictoire, c’est difficile de faire mieux!

Sans vouloir en rajouter, dans son article « La surenchère climatique[3] », mon collègue de l’UQAM nous rappelle que le Québec est responsable de 0,18 % des émissions mondiales. La population pourrait simplement croire qu’indépendamment de l’importance des changements qu’ils adopteront, leurs impacts sur la planète seront sans conséquence.

Le dictionnaire nous informe que « vulgariser » c’est « Rendre des connaissances accessibles au grand public en simplifiant leur présentation, populariser.[4] » et comme je le mentionne à mes étudiants, c’est la qualité la plus importante chez un planificateur financier. Je leur explique qu’ils auront beau présenter à leurs clients le meilleur rapport de planification financière au monde, si ces clients ne suivent pas vos explications, ils n’adhéreront pas aux recommandations du rapport et ainsi, vous et eux, aurez perdu votre temps.

Malgré cela, les articles publiés nous informent grandement sur les causes des changements climatiques, pour ceux qui prennent le temps de les lire. Ils ne sont donc pas inutiles, bien au contraire. Ma collègue de l’Université de Toronto explique très bien « On sait maintenant pourquoi l’Arctique se réchauffe à une vitesse record[5] ». Ce n’est pas rassurant, mais ce sont des faits et en comprenant mieux pourquoi, on comprend comment. C’est comme l’histoire. On l’étudie en espérant ne pas la répéter.

Dans mon article de février « Recyclage: je suis catholique, mais je ne pratique pas[6] », je faisais des liens avec l’interdiction de fumer dans les endroits publics. Comme nous le savons maintenant, l’industrie du tabac nous a caché beaucoup de choses sur les méfaits de leurs produits. Grâce aux articles publiés, on apprend aussi que « Shell et KLM accusées d’avoir soutenu financièrement un climatosceptique[7] », sommes-nous vraiment surpris?

Il serait donc plus que temps que nos gouvernements, en plus de mettre en place et d’adhérer à des normes internationales pour l’environnement, s’assure que la population soit bien informée, dans un dialogue non alarmiste, sans statistiques à n’en plus finir et surtout sans scénario de la fin du monde si on ne change pas nos comportements demain.

Toutefois, il ne faut pas être naïf. Confier à nos gouvernements le soin de mettre en place des normes pour protéger l’environnement des entreprises sans valeurs sociales sera difficile comme je l’ai déjà mentionné dans mon article « Ma recherche sur l’investissement socialement responsable (ISR) : Mes premiers constats[8] ». Encore récemment, pour ce qui est de la difficulté de mettre en place de nouvelles normes au sujet des pesticides, je vous réfère à cet article « Pesticides: tout ça pour ça[9] », il s’agit donc d’un immense défi!

Au-delà des enjeux, si la population n’embarque pas dans les changements à venir, car elle juge que l’objectif est inatteignable, nous allons directement vers un mur (un exemple très concret). Il nous appartient de changer le ton des discours vers une forme plus constructive avec des solutions réalistes, pragmatiques et surtout, atteignables.

Néanmoins, je dois avouer que plusieurs messages positifs existent et que même « Ti-Mé Paré (Popa de la petite vie) » y participe via un guide pratique « Petit guide pour un Québec sans gaspillage[10] ». Il y a aussi l’excellent documentaire « Le Québec peut-il croître comme nation, tout en décroissant?[11] « , diffusé par Télé-Québec.

À défaut d’améliorer notre discours, la population va simplement se boucher les oreilles et ne plus écouter ceux qui sont alarmistes, malgré les faits qui y seront exposés. Pourtant, nous avons raison d’être inquiets face aux nombreux impacts qui découlent des changements climatiques.

L’important comme citoyen est d’accepter que les choses ne puissent rester comme elles le sont actuellement et que de vrais changements sont nécessaires. Le recyclage, le compostage et le transport collectif sont de solutions intéressantes, mais il nous faudra changer beaucoup plus que cela.

Étant de l’école de pensée que l’argent change les comportements des gens, dans le prix des biens et services ou dans les amendes salées qu’une personne peut recevoir, c’est l’endroit où il faut débuter. Le prix des biens et services que nous consommons devrait refléter leur coût sur l’environnement.

À titre d’exemple. Un bien produit à l’étranger ne peut tout simplement pas avoir un coût environnemental identique au même bien produit localement. Sans même discuter du volet du respect des normes environnementales à l’étranger, le transport de ce bien à lui seul pour l’amener à votre porte (via Amazon ou non) doit se refléter dans son prix d’achat. C’est la seule façon que nous pourrons être conscientisés de l’impact sur l’environnement de nos achats.

Certains diront que les moins nantis seront plus touchés par cette façon de faire et c’est vrai. En revanche, la fiscalité peut permettre au gouvernement d’encourager des actions positives sur l’environnement grâce aux crédits d’impôt. Cependant, une chose demeure, nous serons tous touchés par les changements nécessaires.

Posez-vous la question suivante. Préférez-vous être touché dans votre portefeuille maintenant ou hypothéquer le futur de vos enfants et petits-enfants? Vous remarquerez que le choix du mot « hypothéquer » n’est pas le fruit hasard. Je l’ai choisi, car il reflète la situation actuelle. Nous vivons à crédit sur le dos de l’environnement et les prochaines générations devront en assumer les conséquences.

Personnellement, j’aime mieux payer maintenant que de refiler la facture à mes enfants. Et vous?

 

 

[1] https://www.bbc.com/news/business-51581098

[2] https://www.lapresse.ca/debats/opinions/202002/23/01-5262121-la-voiture-la-plus-verte-nest-pas-toujours-celle-quon-pense.php

[3] https://www.journaldemontreal.com/2020/02/24/la-surenchere-climatique

[4] Source : Antidote 10, version 3

[5] https://www.lesoleil.com/actualite/science/on-sait-maintenant-pourquoi-larctique-se-rechauffe-a-une-vitesse-record-f22a903593908bb691472e7f094b0c91

[6] https://www.lapresse.ca/debats/opinions/202002/18/01-5261470-recyclage-je-suis-catholique-mais-je-ne-pratique-pas.php

[7] https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1535899/pays-bas-shell-klm-climat?fromApp=appInfoIos&partageApp=appInfoiOS&accesVia=partage

[8] https://hexagoneconseils.ca/2019/10/15/ma-recherche-sur-linvestissement-socialement-responsable-isr-mes-premiers-constats/

[9] https://www.lapresse.ca/actualites/202002/19/01-5261653-pesticides-tout-ca-pour-ca.php

[10] https://www.lapresse.ca/xtra/style-de-vie/202002/21/01-5261872-petit-guide-pour-un-quebec-sans-gaspillage.php

[11] https://www.telequebec.tv/documentaire/prets-pour-la-decroissance/?utm_source=LaPresse&utm_medium=Display&utm_content=300x600_docus_12_fev_decroissance&utm_campaign=CSPQ%7CTQ%7CAutomne%7C5005-IP-1001&utm_source=267706255_5017268&utm_medium=display&utm_content=128542038&utm_campaign=tqc_automne_2019

Je suis catholique, mais je ne pratique pas…

par Clément Hudon, Pl. Fin., FCSI, BAA, M. Sc.
Professeur en planification financière
École des sciences de l’administration
Université TÉLUQ

Version condensée dans La Presse +  https://www.lapresse.ca/debats/opinions/202002/18/01-5261470-recyclage-je-suis-catholique-mais-je-ne-pratique-pas.php

LE DÉFI DE CHANGER NOS HABITUDES

Dans l’expression, « Je suis catholique, mais je ne pratique pas… », beaucoup de Québécois catholiques vont se reconnaître. C’est en prenant connaissance de la situation au sujet de nos programmes de recyclage que j’ai pensé à cela. En effet, être catholique c’est une chose, suivre les nombreuses « règles » c’est autre chose.

C’est comme le recyclage, oui, collectivement, on recycle, mais, on n’aime pas vraiment trier, apporter nos sacs à l’épicerie, acheter en vrac, etc. En bref, changer nos habitudes. Toutefois, à force de nous faire retourner notre « recyclage » par pleins bateaux[1], il faudra bien que l’on comprenne!

Changer ses habitudes, c’est difficile. Parlez-en aux professionnels de la gestion du changement. Il faut que les participants s’impliquent pour que cela fonctionne, car comme le disait un collègue dans une autre vie professionnelle : « On ne peut pas vouloir plus qu’eux autres! ».

Pourtant, il fut une époque, pas si lointaine, où les gens fumaient dans les endroits publics. Même dans mon propre bureau, mes clients fumeurs étaient autorisés à fumer, moi qui ne fume pas. C’était ainsi et personne n’osait questionner cela jusqu’au moment où une loi l’interdît[2].

Initialement décriée, aujourd’hui, la pertinence de cette loi n’est plus remise en question. Depuis la mise en place de cette loi, lorsque je croise un fumeur, je le sens, car mon odorat est de retour. Si mon manteau est rangé dans un endroit trop près du manteau d’un fumeur, je le sais aussi. Nous étions tellement habitués à la fumée du tabac que nous ne savions pas ce que cela représentait comme impact sur notre bien-être et surtout, notre santé (fumée secondaire[3]).

DES SOLUTIONS TROP SIMPLISTES OU ENCORE, TROP DRASTIQUES?

Au cours des nombreux débats entourant l’environnement, la consommation, principalement, la croissance de celle-ci a été identifiée comme la principale responsable des changements climatiques. Les propositions pour diminuer la consommation vont des plus draconiennes (diminuer la population[4]), aux plus rêveuses (demander aux gens de moins consommer[5]).

Je n’ouvrirai pas le débat sur l’option de diminuer la population mondiale par une régulation des naissances, dans le but de baisser la consommation, car il s’agit d’une solution extrêmement controversée, laquelle ouvre des discussions sur plusieurs points de vue touchant la religion, le poids des nations dans le monde, le pouvoir économique de certains groupes et j’en passe.

Pour ce qui est de diminuer notre consommation[6], c’est quelque chose de cocasse, je l’avoue. Je m’explique. Disons que sur une échelle de 1 à 10, ma consommation individuelle comme Nord-Américain est de 8. Maintenant, prenons une personne vivant en Inde ou en Chine, laquelle consomme 3. À titre d’exemple, on demande à tous de réduire notre consommation de 2, moi je dois respecter 6 et notre personne vivant en Inde ou en Chine, 1.

Que pensez-vous que cette personne va faire? Alors que le niveau de vie des Indiens et des Chinois s’améliore de plus en plus, on va leur dire de retourner à 1 ? Je ne crois pas qu’ils vont être d’accord.

Il serait donc plus équitable si moi, je devais baisser ma consommation de 4, afin d’obtenir 4 et de permettre à notre personne vivant en Inde ou en Chine de progresser jusqu’à 4. Je vais donc baisser mon niveau de vie (ma consommation) afin de faire ma part au niveau mondial? Je ne sais pas pour vous, mais personnellement, je vais avoir de la difficulté à atteindre cet objectif.

Pour le besoin de cet article, disons que vous et moi, pouvons le faire. Qu’arrivera-t-il aux entreprises qui produisent ce que je consomme si je baisse ma consommation de 8 à 4, soit, de 50% ? Qu’arrivera-t-il aux travailleurs qui y sont employés?

DE L’INFORMATION POUR AMENER LE CHANGEMENT

Pouvons-nous imaginer que dans 20 ans, nous nous demanderons comment on pouvait penser que de tout mettre nos déchets dans un bac bleu les transformerait en recyclage, par magie? Exactement comme c’est le cas avec la loi sur le tabac.

Possiblement, mais seulement si l’information au sujet du recyclage est mieux transmise à nos concitoyens et que les entreprises sont aidées de la même façon que nos gouvernements ont aidé les fumeurs, en votant des lois.

Il y a tellement d’information sur le recyclage et la bonne façon de le faire, qu’une chatte en perdrait ses chats. Il fut un temps où on n’osait pas dire aux gens de ne pas tout jeter dans le bac bleu, ce qui était recyclable et ce qui ne l’était pas. À ce moment, on se disait qu’un jour, on pourrait tout recycler et ainsi, les gens auraient l’habitude déjà acquise de tout recycler.

Malheureusement, ce jour n’est pas encore là et on dépose dans notre bac bleu des objets contaminés par les aliments ou non, les bons ou mauvais types de plastique, le papier journal par rapport au papier pour écrire, les boîtes de pizza avec quelques pointes, etc.

Et pourtant. Dans son livre « Le comportement écologique du consommateur : Modélisation des relations et déterminants[7] », le professeur Imed ZAIEM a démontré qu’une personne bien informée adoptera un comportement écologique, il explique : « À partir de nos résultats, nous avons pu confirmer nos hypothèses et prouver l’existence d’un lien significatif, positif et fort entre la connaissance de l’environnement, la sensibilité et le comportement écologique. »

 DES LOIS POUR FORCER LE CHANGEMENT

Il serait pourtant facile de mettre en place de nouvelles lois afin de ne permettre que l’utilisation d’un seul type de plastique, celui qui est recyclable. Les gens n’auraient plus à se questionner. Malgré le fait que le Canada vient d’adopter une mesure qui interdira les plastiques à usage unique dès 2021[8], cela sera seulement en 2040 pour la France[9]. Pour que cela fonctionne, il faudrait vraiment tous s’y mettre maintenant.

Le papier, propre, pourrait être acheté par des centres de recyclage. Si une partie des gens se font rembourser leurs consignes pour les bouteilles, ils feront de même pour avoir la valeur de leur papier. À défaut, quelqu’un se chargera de le faire pour eux et empochera la valeur de ce papier comme rémunération pour son geste.

Il y a aussi, l’obsolescence programmée[10]. Cela vous dit quelque chose? Ici, je ne parle pas seulement des téléphones intelligents[11], vous pouvez ajouter les machines à laver, les réfrigérateurs et même nos voitures. Tous ces produits finissent au dépotoir (recyclage ou pas) beaucoup plus vite qu’ils ne le devraient. Pourquoi? Il n’existe pas ou à peu près pas de lois pour contrer cela, c’est-à-dire, pour obliger les entreprises à produire des biens durables, dans le vrai sens du terme.

Ironiquement, il y a les produits qui sont bons pour l’environnement, mais, on devrait dire meilleur. L’automobile électrique est un bon exemple. Pour la consommation d’essence, il y a effectivement réduction, mais pour tout ce qui compose sa fabrication, qu’elle soit électrique ou non, ce n’est pas l’idéal pour l’environnement. Je me permettrai de ne pas mentionner l’amour des Québécois pour les VUS[12], c’est un autre débat.

Pierre-Yves McSween, dans son bouquin « En as-tu vraiment besoin ?[13] » nous encourage à nous questionner pour des motifs financiers lorsque vient le temps de faire un achat. Il faudrait sans doute que Greta Thunberg[14] en écrive un aussi avec la même question, mais pour des raisons environnementales. La réponse ne serait sans doute pas la même.

Un autre changement nécessaire, et j’ai déjà écrit à ce sujet[15], passe par l’implantation de normes internationales (ex. ISO26000[16]) afin d’obliger les entreprises à respecter des normes précises et vérifiables. Avec cette reconnaissance, les gens achèteraient les produits et services d’entreprises homologuées en ce sens et bouderaient celles qui ne le sont pas.

Côté financier, les institutions financières s’impliqueraient auprès des entreprises homologuées, aux tarifs réguliers, mais la situation ne serait pas la même pour les autres qui verraient leurs taux augmenter. Idem pour les fonds d’investissement, les caisses de retraite et les investisseurs. On investit dans les entreprises homologuées et on ignore les autres. Au pire, il y aura des fonds spécialisés dans les entreprises non homologuées pour ceux dont ce facteur ne compte pas.

De plus, les gouvernements pourraient encourager les entreprises homologuées via des crédits d’impôt et pénaliser les entreprises étrangères qui ne sont pas homologuées par des tarifs douaniers au moment de l’importation de leurs produits.

À VOS LOBBYISTES, PRÊTS ? PARTEZ !

Finalement, si on écarte la baisse de consommation individuelle et la baisse de la population mondiale, il n’y a qu’une solution possible, c’est de consommer de façon « responsable ». Pour le vrai, pas comme on le fait depuis plus de 10 ans en enfouissant notre recyclage ou pire, en l’exportant vers l’étranger.

Si nous souhaitons vraiment mettre en place des changements donnant des résultats, tout passe par une législation plus corsée et une volonté de changer nos propres comportements. Sans ces changements, on aura beau manifester et dire que Greta Thunberg est extraordinaire, rien de majeur ne changera.

Cependant, mettre en place des lois qui dérangent énormément les entreprises et les pays ne sera pas facile. À ce sujet, je vous invite de nouveau à lire mon article sur le sujet, le même que j’ai déjà mentionné. Il traite aussi des agendas cachés de certains pays lors de la mise en place de la norme ISO26000, ce qui est très bien expliqué par Coline Ruwet[17].

Ironiquement, ceci est toujours aussi vrai aujourd’hui lorsque vient le temps de voter des lois. Lorsqu’on regarde les textes, il manque souvent de mordant pour les pays ne respectant pas ces mêmes lois. Vous constaterez que certains pays ont des lobbyistes très efficaces. Il faudra donc trouver des lobbyistes pour cette cause, car les adversaires en ont de très bons.

CRI DU CŒUR DE NOTRE JEUNESSE, IL FAUDRA BIEN SE DONNER LA PEINE D’ÉCOUTER

J’ai eu l’occasion de lire le court texte de Jacob Desnoyers Lalonde, un adolescent de 16 ans, intitulé « Les nombrils du monde[18] », un cri du cœur comme celui de Greta Thunberg et des autres de cette génération qui nous lancent des « OK Boomers![19] ».

Quoi qu’en disent les « climatosceptiques » de ce monde, cette génération a bien raison d’être inquiète. Au-delà de ce que nous disent les scientifiques depuis de nombreuses années, ils sont aussi inquiets que nous n’ayons pas encore mis en place des mesures sérieuses pour faire le virage tant nécessaire que celui qui se présente devant nous.

Tôt ou tard, nous devrons leur répondre par des actions et des gestes significatifs. En 2040, il sera peut-être trop tard…

 

 

 

[1] http://plus.lapresse.ca/screens/add7a1e7-7bd6-40d4-ab0b-b89e27988b83__7C___0.html?utm_medium=Email&utm_campaign=Internal+Share&utm_content=Screen

[2] https://www.educaloi.qc.ca/capsules/la-cigarette-au-quebec-droits-et-restrictions

[3] https://www.quebec.ca/sante/conseils-et-prevention/saines-habitudes-de-vie/mode-de-vie-sans-tabac/tabagisme-et-fumee-secondaire-effets-sur-la-sante/

[4] https://up-magazine.info/index.php/decryptages/analyses/8756-s-abstenir-de-faire-des-enfants-pour-sauver-la-planete-est-ce-une-si-bonne-idee/

[5] https://lactualite.com/societe/limiter-la-consommation-pour-contenir-le-rechauffement-climatique-suggere-une-experte/

[6] https://lactualite.com/societe/decroissance

[7] https://www.cairn.info/revue-des-sciences-de-gestion-2005-4-page-75.htm

[8] https://www.lesoleil.com/affaires/le-gouvernement-federal-veut-interdire-les-articles-en-plastique-a-usage-unique-dici-2021-1e93caf62010e4df85822bc32e3df0d9

[9] https://www.europeanscientist.com/fr/environnement/la-france-sonne-le-glas-des-emballages-plastique-a-usage-unique-en-2040/

[10] https://fr.wikipedia.org/wiki/Obsolescence_programm%C3%A9e

[11] https://www.infopresse.com/article/2019/10/21/quel-suivi-quant-a-l-obsolescence-programmee

[12] https://www.lesaffaires.com/secteurs-d-activite/transport/urgence-climatique-les-quebecois-achetent-des-vus-en-masse/615266

[13] https://www.archambault.ca/livres/en-as-tu-vraiment-besoin-n-%C3%A9d/mcsween-pierre-yves/9782897585884/?id=2590365&cat=1891707&gclid=Cj0KCQiAsbrxBRDpARIsAAnnz_PR-8LKAP80yZpoV_4gYapltu8xOL8VG_iKJWA8wC9dx32-F64GSbwaAnPYEALw_wcB

[14] https://fr.wikipedia.org/wiki/Greta_Thunberg

[15] https://hexagoneconseils.ca/2019/10/15/ma-recherche-sur-linvestissement-socialement-responsable-isr-mes-premiers-constats/

[16] https://www.iso.org/fr/iso-26000-social-responsibility.html

[17] https://www.cairn.info/publications-de-Ruwet-Coline–51414.htm

[18] https://chenebleuca.wordpress.com/2020/01/30/les-nombrils-du-monde/

[19] https://fr.wikipedia.org/wiki/OK_Boomer

Comment faire face au dilemme annuel : voyage, retraite, études des enfants, solde hypothécaire, etc.

par Clément Hudon, Pl. Fin., FCSI, BAA, M. Sc.
Professeur en planification financière
École des sciences de l’administration
Université TÉLUQ

Lorsque je donne des conférences sur la préparation à la retraite, une question revient souvent.

Est-il pertinent de cotiser au fonds de la solidarité de la FTQ[1], du Fondaction CSN ou encore, au Capital régional et coopératif Desjardins (CRCD) ?

Ma réponse est toujours la même… oui… et non. L’une des premières questions qui me viennent à l’esprit est de savoir si vos seuls placements sont des fonds de travailleurs? Si c’est le cas, on ne répond pas à l’un des plus importants objectifs d’un portefeuille d’investissements, la diversification des types de placements.

De plus, si on investit dans l’un de ces placements et qu’on utilise le remboursement d’impôt et le crédit d’impôt pour aller faire un voyage dans le sud… on n’optimise pas son placement. Cependant, si on réinvestit ces mêmes montants dans des placements différents, c’est un excellent investissement.

En effet, ce type de placement est bon en soi, mais on est loin de maximiser son investissement si on l’utilise pour se gâter un peu… même si on le mérite! Vos photos de votre voyage dans le sud ou votre écran géant dans votre salon ne risquent pas d’être très pertinents au jour de votre retraite ou au moment d’acquitter les frais universitaires de vos enfants ou de vos petits-enfants.

Il s’agit donc de faire des investissements stratégiques. Comment, en réinvestissent aussi le remboursement d’impôt et le crédit d’impôt dans un autre véhicule pour la retraite ou encore les études des enfants.

ÉTUDES DES ENFANTS – REER

Prenons l’exemple au tableau. J’investis 5,000$ (le maximum annuel) au fonds de solidarité FTQ. Mon taux d’impôt marginal étant de 35% et mon crédit d’impôt de 30% pour ce placement, je reçois un montant de 3,250$ des différents gouvernements.

Je prends 2,500$ de ce montant et je l’investis dans un régime enregistré d’épargne-études (REEE) pour mon enfant ou mon petit-enfant. Grâce aux subventions des différents gouvernements, 20% et 10%, mon investissement aux fins d’études est maintenant de 3,250$.

Ne perdons pas de vu que malgré un investissement REEE de 2,500$, un solde de crédit/remboursement d’impôt de 750$ demeure. Ce même 750$ est investi dans un REER traditionnel auquel j’ajoute le remboursement d’impôt (35%) de 263$, pour un total investi de 1,013$.

Ainsi, avec mon investissement initial de 5,000$, j’ai des placements pour un total de 9,263$. Imaginons ces mêmes placements dans 15 ans à un taux de 5% et nous aurons accumulé 19,258$ et cela, toujours avec le même 5,000$, pour un rendement total de 9,41% par année sur 15 ans.

ÉTUDES DES ENFANTS – HORS-REER

Ceux et celles qui ne peuvent cotiser au REER, car ils ont peu ou pas de droits REER annuels, souvent des individus avec un régime de pension à prestation déterminée (un fonds de pension d’employeur), le Capital régional et coopératif Desjardins (CRCD) est aussi une alternative, et cela, même si nous pourrions aussi cotiser hors REER au fonds de solidarité FTQ.

Dans ce cas, un placement initial de 3,000$ peut devenir un montant de 9,075$ après 15 ans au taux de 5% soit, un taux de 7,66% en prenant en considération l’investissement des retours et crédits d’impôts.

Les deux stratégies peuvent être en partie combinées puisque le maximum de cotisations permises à la FTQ n’affecte pas la cotisation possible au CRCD.

Bref, pour l’exemple avec le REEE, c’est comme si les différents gouvernements payaient les études de votre enfant ou votre petit-enfant, c’est un beau sentiment!

BONIFICATION DU REER

Une autre avenue est de simplement cotiser un montant additionnel dans son REER traditionnel.

Reprenons notre exemple avec le fonds de solidarité FTQ. On cotise le montant correspondant aux remboursements et crédit d’impôt soit, 3,250$ dans un REER traditionnel, ce qui nous donne droit à un remboursement d’impôt de 1,138$, que l’on cotise aussi au même REER.

Ainsi, on double pratiquement notre investissement puisque dans les faits, notre premier 5,000$ devient 9,388$ c’est-à-dire, 5,000$ avec le fonds de solidarité de la FTQ et 4,388$ (3,250$ + 1,138$) dans notre REER traditionnel. Sur 15 ans, à 5%, c’est un montant de 14,783$ qui nous attend et toujours avec le même placement initial de 5,000$, pour un rendement total de 7,49% par année.

Si vous n’avez pas en main le montant supplémentaire pour la cotisation de 4,338$ il est possible d’obtenir un prêt REER à faible taux entre les mois de février (cotisation) et mai (remboursement d’impôt).

SOLDE HYPOTHÉCAIRE

Pour ceux et celles qui n’ont pas d’enfants, petits-enfants ou encore, que vos enfants ont passé l’âge des études, le remboursement du capital de votre hypothèque est aussi une excellente façon de maximiser le rendement des fonds de travailleurs ou de celui de Desjardins.

Chaque dollar d’intérêt que vous épargnez sur votre paiement hypothécaire et un dollar composé. Sur 20 ans, les montants épargnés sont extraordinaires.

D’autant plus qu’au moment de débuter votre retraite, le fait de ne pas avoir de paiement hypothécaire fait une énorme différence sur les montants de revenus nécessaires pour maintenir votre niveau de vie.

Un exemple rapide. Prenons un paiement hypothécaire de 1,000$ par mois (12,000$) par année. En argent avant impôt, c’est 18,460$ de revenu brut, basé sur un taux marginal de 35%.

Pour ceux et celles qui ont un fonds de pension d’employeur, c’est la différence entre prendre sa retraite malgré la réduction actuarielle (départ anticipé) et ne pas partir avant la date prévue, exemple 65 ans.

TABLEAU

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LE RÔLE DU PLANIFICATEUR FINANCIER

Évidemment, de nombreuses stratégies sont possibles et c’est exactement ce genre de conseil qui fait partie du quotidien d’un planificateur financier. En fonction de ses permis d’exercices, il vous accompagnera et saura s’entourer d’autres professionnels selon les expertises requises.

Comme le précise l’Institut québécois de planification financière (IQPF)[2]:

La planification financière personnelle est un processus qui consiste à optimiser votre situation financière et votre patrimoine. La planification financière intègre les connaissances des sept domaines suivants : aspects légaux, assurance et gestion des risques, finances, fiscalités, placements, retraite et succession.

Le rôle du planificateur financier est de vous aider dans l’élaboration de votre planification financière en vous traçant un plan d’action stratégique entièrement adapté à vos besoins et tenant compte de vos contraintes et de vos objectifs personnels. Il vous propose ensuite des stratégies et des mesures cohérentes et réalistes pour atteindre les objectifs que vous vous êtes fixés. Ce sont des atouts précieux pour suivre de près l’évolution de votre patrimoine et prendre la bonne décision au bon moment.

N’hésitez donc pas à consulter un planificateur financier reconnu par l’IQPF[3].

 

POUR DES INFORMATIONS SUPPLÉMENTAIRES :

Fonds de solidarité FTQ

https://www.fondsftq.com/fr-ca

Fondaction CSN

https://www.fondaction.com/index.php

Capital régional et coopératif Desjardins

https://www.capitalregional.com/

Canada : Régime enregistré d’épargne-études (REEE)

https://www.canada.ca/fr/agence-revenu/services/impot/particuliers/sujets/regime-enregistre-epargne-etudes-reee/fonctionnement-reee.html

Québec : Régime enregistré d’épargne-études (REEE)

http://www4.gouv.qc.ca/FR/Portail/Citoyens/Evenements/DevenirParent/Pages/incitf_eparg_etud.aspx

[1] Prenez note que le Fonds de solidarité FTQ suspend les souscriptions par versements ponctuels jusqu’au 31 mai 2020.

[2] https://www.iqpf.org/services-au-public

[3] https://www.iqpf.org/services-au-public/repertoire

Finance responsable – L’enfer est pavé de bonnes intentions

par Clément Hudon, Pl. Fin., FCSI, BAA, M. Sc.
Professeur en planification financière
École des sciences de l’administration
Université TÉLUQ

INTRODUCTION – L’ENFER EST PAVÉ DE BONNES INTENTIONS

Toujours dans le cadre de ma recherche sur l’investissement socialement responsable[1], précisément, sur mes premiers constats après l’analyse des données reçues[2], je poursuis mes lectures sur le sujet. Plusieurs de ces lectures portent sur les différentes politiques, normes et engagements qui ont vu le jour au fil des ans, tel le pacte mondial ainsi que les principes pour l’investissement responsable des Nations Unies (PRI), la norme ISO 26000, et l’investissement à impact élevé, pour n’en nommer que quelques-uns.

Ainsi, j’ai fait l’achat d’un livre sur le sujet « Éléments de la finance responsable : une perspective multidimensionnelle »[3], un collectif de textes en lien avec la finance responsable, dirigé par des collègues, professeurs à l’Université de Sherbrooke (Frank Coggins, Claudia Champagne et Lyne Latulippe) et appuyé par des écrits rédigés par des experts du domaine.

Cet excellent recueil de textes, que je nommerai « livre de référence » pour cet article, est divisé en cinq parties, soit :

Première partie                – Quelques éléments de l’investissement responsable

Deuxième partie              – La prise en compte des risques extrafinanciers dans les marchés financiers et le rôle des institutions financières

Troisième partie              – La gestion d’entreprise et les facteurs environnementaux, sociaux et de saine gouvernance

Quatrième partie            – L’éthique fiscale, un enjeu pour la gouvernance d’entreprise et les finances publiques

Cinquième partie             – La finance responsable : de la criminalité financière à l’intégrité financière en passant par la réglementation

Le site « expression.fr » nous apprend que « L’enfer est pavé de bonnes intentions. » signifie en d’autres mots, « Les meilleures dispositions d’esprit, les bonnes intentions peuvent conduire aux pires résultats. »[4]

C’est en débutant la lecture de ce recueil de textes que cette expression sur l’enfer m’est revenue à l’esprit. Lorsqu’on prend connaissance de tout ce qui s’écrit dans ce domaine au fil des ans et le volume de nouveautés aux cours des dernières années, c’est à en perdre son latin… une autre expression d’époque![5]

INVESTISSEMENT RESPONSABLE – LE DÉFI D’UNE NORME INTERNATIONALE

Dans mon article sur mes premiers constats de mon projet de recherche, j’ai mentionné que la professeure-chercheuse Coline Ruwet avait écrit un article expliquant le cheminement ayant donné la « norme » ISO 26000. Dans l’article en question, on donnait la recette parfaite pour s’assurer qu’en fin de compte, les normes, règles ou lois que nous souhaitons mettre en place n’auront pas de « dents ».

Il ne faut pas devenir cynique, car la majorité des acteurs impliqués dans la mise en place de ces réglementations sont remplis de bonnes intentions. En effet, deux des auteurs des textes composant le livre de référence, M. Arnaud Celka et Daniel Simard, rapportent à la page 10 que les signataires mentionnaient « Nous sommes convaincus que cela nous rendra plus à même de répondre à nos engagements envers les bénéficiaires et de mieux faire concorder nos activités d’investissement avec les intérêts généraux de la société. ».

Ou encore, comme l’écrit la leader de pratique ESG[6] au sein du Mouvement Desjardins, Mme Rosalie Vendette à la page 31 du même livre de référence et que je me permets de résumer ainsi : « Les motivations derrière le développement de cette approche sont basées sur des principes et des valeurs de l’investisseur pour une plus grande justice sociale et afin de s’adresser au côté rationnel et légal de ce même investisseur dans le but de réduire les risques financiers. ».

Le défi n’est donc pas lié aux intentions des acteurs, mais dans le fait que les effets des principes discutés sont basés sur la perception de chacun et qu’il est ainsi difficile d’en arriver à un consensus simple de ce que seront ces principes communs. Il devient alors ardu de s’entendre sur un texte clair ayant la même signification pour chacun, et cela autant au point de vue légal que financier.

Nous n’avons qu’à nous rappeler la difficulté pour obtenir un consensus sur la déclaration finale lors du sommet du G7 qui s’est tenu au Québec en 2018 alors que le Président Trump est revenu sur son acceptation de la déclaration qu’il avait pourtant acceptée avant de quitter le sommet!

RÉDUIRE LE RISQUE FINANCIER – UN OBJECTIF QUI PLAIRA À TOUS LES INVESTISSEURS

Le plus triste est que l’investissement responsable réduit les risques financiers, comme nous le rappelle le professeur Amois Sodjahin, à la page 55 du livre de référence, alors qu’il mentionne « On peut regrouper en trois théories les principaux arguments qui postulent que l’investissement responsable permet de réduire les risques financiers. Ces arguments impliquent (1) la théorie des parties prenantes (2) la théorie des marchés segmentés et (3) la théorie de l’assurance. ». Dans son texte, le professeur Sodjahin explique plus en détail les différentes études démontrant sans équivoques ce point.

Alors pourquoi n’y a-t-il toujours pas de normes internationales avec des « dents »? Sans être simpliste, on pourrait résumer la problématique de l’adoption de normes internationales, au manque de confiance entre les différents acteurs visés. En effet, malgré les meilleures intentions des acteurs de respecter l’entente pour ce qui est de leur propre entreprise ou leur propre pays, dépendamment de l’acteur impliqué, ces mêmes acteurs n’ont pas toujours confiance que l’autre partie respectera ladite entente.

IL EST ENCORE TEMPS… DE TROUVER UN CONCENSUS

Rappelons-nous les nombreux pourparlers entre les ÉUA et l’ancienne URSS, pour ce qui était du démantèlement des armes nucléaires, du moins, une réduction de celles-ci. Malgré la logique de la chose, les deux acteurs ne se faisaient pas confiance et l’essentiel des arguments était en lien avec le fait de comment s’assurer que l’autre respecterait l’entente. Des observateurs internationaux étaient le choix censé, mais, lesquels, de quels pays? Ce pays était-il vraiment indépendant face aux deux acteurs? À défaut, ne serait-il pas biaisé lors de sa vérification du traité par l’un des deux acteurs?

Ainsi et malgré l’importance d’avoir des normes en matière de respect de l’environnement, des droits des travailleurs (droits des personnes), des lois sur le commerce (ex. droits d’auteurs) et plusieurs autres lois qui sont appliqués et respectés dans plusieurs pays, ce n’est pas le cas dans tous les pays, il devient extrêmement difficile de s’entendre sur des normes contraignantes et c’est pourquoi, dans mon article sur mes premiers constats, j’ai pris le soin mentionner, au sujet d’ISO 26000, qu’il s’agit d’une norme « volontaire » afin d’encourager les entreprises à y adhérer.

Cependant, comme il fût éventuellement possible de convenir d’un traité pour la réduction des armes nucléaires, il est possible de convenir à des normes internationales sur l’investissement responsable ou, plus largement, la finance responsable. Il est donc encore possible de penser qu’un jour, nous adopterons des normes qui seront respectées et vérifiées de façons crédibles et acceptées par tous.

Tout comme la réduction des armes nucléaires a été réalisée grâce aux pressions exercées par les citoyens des pays visés, principalement les ÉUA et ses alliés, il est tout à fait possible que ces mêmes citoyens se mobilisent pour obliger leurs gouvernements respectifs à adhérer à des normes internationales qui seront connues de tous et qui permettront à ces mêmes citoyens de faire des choix d’investissement et de consommation en fonction du respect de leurs valeurs.

Pour ce qui est des gouvernements, ils seront à même de punir les entreprises, et les pays, qui ne respecteront pas ces normes, via une taxe à l’importation, laquelle financera la conversion d’entreprises souhaitant adapter leur organisation au respect de ces mêmes normes.

ACTIONNARIAT RESPONSABLE – UNE AVENUE DÉJÀ EXPLOITÉE

Il ne faut pas passer sous silence tous les efforts que plusieurs actionnaires sensibles à l’environnement ont effectués au cours des dernières années. Grâce au poids de leurs actions, ils ont réussi à faire faire des changements aux différents conseils d’administration visés. On pense facilement aux actions entreprises pour limiter les salaires de la haute direction, mais plusieurs de ces gestes le furent aussi pour l’environnement.

C’est d’ailleurs le sujet du chapitre 1.4 du livre de référence, qui fût rédigé par les professeurs Hajer Tebini, Bouchra M’Zali et Homayoon Shalchian. Dans leur texte, ceux-ci débutent par un rappel historique des débuts de l’engagement actionnarial et ils mentionnent que : « Le processus d’engagement peut revêtir divers mécanismes ; le dialogue avec l’entreprise, les propositions de résolutions, le vote (par procuration) en assemblée générale et le désinvestissement. ».

Ce même engagement actionnarial peut aussi être exercé via les caisses de retraite. À titre d’exemple, la caisse de retraite des professeurs d’une université pourrait, certaines le font déjà, exiger que les investissements soient en lien avec certaines normes au niveau des placements, mais peuvent aussi, exiger qu’une entreprise change telle ou telle façon de faire et qu’à défaut de se conformer, ils retireront leur investissement au sein de l’entreprise fautive (désinvestissement).

CONCLUSION – QUELLES ACTIONS POSER?

La jeune militante suédoise Greta Thunberg souhaiterait simplement que les gouvernements écoutent les scientifiques. Personnellement, je crois que nous avons dépassé cette étape depuis longtemps, il est temps d’agir sur les fautifs en les identifiant grâce à des normes internationales comme ISO 26000, celles de l’ONU ou d’autres existantes et tout à fait pertinentes. Il s’agit d’adhérer à des règles communes mesurables et vérifiables, un principe simple, mais, je comprends, difficile à mettre en place.

Malgré le degré de difficulté que cela représente, il y va de la santé de notre planète, mais il y va aussi de la compétitivité de nos entreprises canadiennes qui seront pénalisées en respectant nos propres lois alors que plusieurs compétiteurs étrangers ne respectent ni leurs propres lois et encore moins, les lois internationales.

Il est maintenant temps que les gens sensibles à l’environnement et aux droits du travail s’associent avec les entreprises canadiennes et forcent nos gouvernements à agir sur ce sujet. Cessons de nous percevoir comme des opposants, nous ne le sommes pas. C’est cette opposition des uns contre les autres qui nous ont fait perdre tant d’années.

 

Qu’en pensez-vous ?

Des gestes concrets de la part de nos gouvernements pour la mise en place d’une norme reconnue mondialement pour vos investissements et vos achats, cela vous dirait?

 

 

 

[1] https://hexagoneconseils.ca/2018/10/08/mon-projet-de-recherche-universitaire/

[2] https://hexagoneconseils.ca/2019/10/15/ma-recherche-sur-linvestissement-socialement-responsable-isr-mes-premiers-constats/

[3] https://www.editionsyvonblais.com/detail-du-produit/elements-de-finance-responsable-une-perspective-multidimensionnelle/

[4] http://www.expressio.fr/expressions/l-enfer-est-pave-de-bonnes-intentions.php

[5] http://www.expressio.fr/expressions/perdre-son-latin.php

 

 

[6] ESG = Critères environnementaux, sociaux et de gouvernance.

Ma recherche sur l’investissement socialement responsable (ISR) : Mes premiers constats

par Clément Hudon, Pl. Fin., FCSI, BAA, M. Sc.
Professeur en planification financière
École des sciences de l’administration
Université TÉLUQ

INTRODUCTION

Il y a plusieurs mois, j’ai mentionné que je débutais une recherche sur les fonds socialement responsables. Récemment, en discutant avec des collègues et amis, j’ai compris que plusieurs se questionnaient sur le fruit de mes recherches.

Ma recherche sur l’investissement socialement responsable (ISR) en tant que telle est loin d’être terminée, mais j’ai pensé vous partager mes premiers constats en guise d’article mensuel.

MA RECHERCHE

Un résumé de mon projet de recherche est disponible ici[1] :

Dans un premier temps, j’ai fait la demande d’obtention des investissements au sein de fonds communs de placement (ISR et traditionnel) auprès d’une grande institution financière canadienne.

Une fois obtenue la liste des fonds communs de placement offerts aux clients de cette institution financière canadienne, j’ai examiné les titres détenus par chacun de ces mêmes fonds.

L’idée étant de faire le tour des différents titres détenus en fonction de la mission environnement, éthique ou autres de certains fonds, vis-à-vis les fonds qui ne partageaient pas cette mission.

Afin d’y voir plus clair, j’ai déterminé 10 catégories qui pourraient m’aider à mieux comprendre les types d’investissements effectués dans les fonds communs de placement offerts aux Canadiens.

À titre d’exemple, les catégories choisies sont :

Tableau

J’ai donc commencé à catégoriser chacun des titres des entreprises détenus dans chacun des portefeuilles afin de mieux comprendre dans lesquelles elles évoluaient.

CONSTATS

Mon premier constat fût que les possibilités d’investissement dans des titres canadiens n’étant pas liés au secteur des ressources naturelles comme le pétrole, les mines et les produits chimiques, étaient limitées, c’est le moins que je peux dire.

Tout en catégorisant les différentes entreprises, j’ai fait un deuxième constat, lequel m’a amené à réfléchir et à me poser la question suivante : est-ce que cette entreprise est vraiment dans cette catégorie « x » ou devrait-elle être dans cette autre catégorie « y » lorsqu’on considère les clients qu’elle dessert?

COUPABLES PAR ASSOCIATIONS?

Prenons un exemple : Tout le monde s’entend sur ce qu’est un « vendeur de drogues », dans le sens de la cocaïne, mais est-ce que le producteur est moins coupable que le vendeur, que le distributeur ou même le financier?

En effet, si je produis la plante nécessaire à la production de cocaïne, j’ai besoin de financement pour débuter ma production. J’ai besoin de travailleurs pour les champs, d’outils pour ceux-ci, de produits chimiques pour ma récolte, etc.

Par la suite, je dois amener ma production de cocaïne à mes clients. J’ai besoin de transport, de distributeurs, de facilitateurs (ceux qui ferment leurs yeux, mais ouvrent leurs poches), des vendeurs, des collecteurs pour les récalcitrants, etc.

La majorité des gens vous diront que tous les intervenants ci-haut mentionnés sont « complices » de trafic de drogue, ce qui inclut le volet blanchiment des produits de cette criminalité (lavage d’argent) pour récupérer les fruits de mon travail de producteur de cocaïne.

Ainsi, si je prends mon exemple de narcotrafiquants et que je le transporte dans un domaine tout à fait légal, mais « socialement répréhensible » comme le tabac (marché de la cigarette). Sans vouloir « casser du sucre » sur le dos de l’industrie du tabac, j’avoue qu’on pourrait aussi considérer le cannabis et/ou même l’alcool, mais puisque même l’industrie du sucre n’a pas bonne presse en ce moment évitons de casser quoi que ce soit sur le dos de qui que ce soit!

En bref, c’est essentiellement la même problématique que pour la cocaïne. Quoiqu’il soit facile d’identifier, lire cibler, les producteurs ou les vendeurs de tabac, de cigarettes ou d’autres produits légaux, mais d’acceptation sociale difficile, qu’en est-il de leurs financiers, fournisseurs, transport, main-d’œuvre, etc.?

LA VERTU TEINTÉE?

Si l’on revient à ma liste des 10 catégories, le producteur (RESSOURCES NATURELLES), le financier (FINANCES), le fournisseur d’outils (PRODUCTION & VENTES), le fournisseur des produits chimiques (RESSOURCES NATURELLES), les vendeurs (PRODUCTION & VENTES) et même le transport (TRANSPORT), seraient toutes des entreprises dans lesquelles je ne pourrais investir « socialement ».

Certains diront que selon le pourcentage du volume d’affaires d’un fournisseur avec un client « inacceptable » on pourrait fermer ou non les yeux, mais qui décide du pourcentage acceptable socialement? Qui le valide? Si on y va en fonction de l’effort, qui le mesure? Qui le décide?

C’est cette réalité qui a amené certains membres de l’industrie de fonds communs de placement à mettre en place des balises qui permettent aux entreprises de secteurs inacceptables socialement d’affirmer faire les efforts pour s’améliorer, mais les efforts aux yeux de qui et quels efforts réels?

Est-ce que chaque institution financière, chaque gestionnaire de fonds commun de placement dans chaque pays va faire ses propres règles? Indépendamment du sérieux de ces règles, comment les comparer les unes aux autres?

Étant donné ce que je viens de mentionner, il devient difficile de bien comptabiliser ce qui est et n’est pas un « investissement socialement responsable » dans chaque fonds commun de placement sans connaître la composition du volume d’affaires de chaque entreprise et sans s’entendre sur le fameux pourcentage acceptable.

Il devient trop facile d’éliminer une catégorie comme RESSOURCES NATURELLES et de conserver une comme FINANCES ou même INFORMATIQUE.

Est-ce qu’une entreprise impliquée dans les RESSOURCES NATURELLES ne serait pas automatiquement rejetée alors que ce qu’elle fait est tout à fait socialement acceptable?

N’oublions pas son contraire. Une entreprise en INFORMATIQUE qui n’a qu’un seul client de la catégorie RESSOURCES NATURELLES serait acceptée, car catégorisée de façon socialement responsable?

J’AVAIS PENSÉ À UNE SOLUTION ORIGINALE, MAIS ELLE EXISTE DÉJÀ… EN FAIT, PAS VRAIMENT!

Afin de régler cette situation, je me suis dit qu’une solution fort simple à cette problématique et, encore une fois, il ne s’agit pas de réinventer la roue, serait d’avoir une norme internationale en ce sens. En effet, la plupart d’entre nous avons entendu parler des normes ISO (International Organization for Standardization[2]) ou en français, « Organisation internationale de normalisation » pour ce qui est des standards de qualité (ex. ISO 9000, ISO 9001, etc.).

En fonction de normes acceptées mondialement sur ce qu’est l’investissement socialement responsable, comme celles des Nations-Unies par exemple, nous pourrions certifier les entreprises en fonction d’une norme ISO-ISR (Organisation internationale de normalisation – Investissement socialement responsable).

Cette norme ISO-ISR pourrait être déclinée en fonction des différentes catégories possibles, qu’elles soient socialement responsables ou non. Par la suite, une sous norme pourrait permettre aux entreprises faisant des efforts démontrables qu’elles se qualifient dans la sous-catégorie en question. Le tout serait validé et contrôlé comme le sont les normes ISO reconnues mondialement.

Simple n’est-ce pas ? Ça pourrait l’être! La norme ISO 26000[3] existe déjà et elle couvre une partie des points que j’ai soulevé. Cette norme est en vigueur depuis 2010 (Initiée en 2001). Le problème? Vous la connaissez cette norme? Vous avez déjà fait vos achats en fonction de cette norme? Vous l’avez vu afficher sur un bâtiment d’entreprise quelconque?

Dans les faits, les raisons pour lesquelles cette norme est « sans dents » sont expliquées par Coline Ruwet dans « La RSE négociée : règles du jeu et contenus – Le cas d’ISO 26000[4] » où l’auteur conclut qu’« Aucune mesure ne fut en effet véritablement mise en place pour que les nouveaux droits formels reconnus à certaines catégories d’acteurs se traduisent en une influence réelle. ». En bref, il s’agit d’une norme « volontaire » afin d’encourager les entreprises à y adhérer.

AVOIR UN LEVIER POUR FORCER DE VRAIS CHANGEMENTS

Actuellement, plusieurs investisseurs se fient à la documentation « marketing » pour bien dormir face à leurs investissements socialement responsables et déchantent lorsqu’ils apprennent qu’une entreprise controversée fait partie de leurs investissements, à l’intérieur de leurs fonds communs de placement socialement responsables (ex. une pétrolière).

Avec une norme reconnue, ces mêmes investisseurs pourraient remplir un questionnaire pour déterminer leurs taux de tolérance à ce qui est et n’est pas socialement responsable en fonction de leurs propres valeurs. Ils pourraient choisir que seules les entreprises socialement responsables fassent partie de leurs portefeuilles ou, ils pourraient accepter que celles qui font des efforts démontrés en fassent aussi partie.

Pour les entreprises n’ayant pas une certification positive, des taxes à l’importation pourraient être prélevées, taxes qui contribueraient à un fonds dans le but d’aider les entreprises souhaitant améliorer leur certification. Lors d’une demande de financement, une bonne certification permettrait l’obtention d’un taux d’intérêt plus avantageux. Des crédits d’impôt pourraient même être octroyés à celles dont la certification est aussi positive.

Finalement, nous tous, en tant que consommateurs, pourrions pénaliser les entreprises fautives et encourager celles qui répondent aux certifications positives. Cela s’applique aux consommateurs canadiens, mais aussi à tous les consommateurs de la planète.

De cette façon, nous pourrions standardiser ce qu’est l’effort acceptable ou souhaitable et avoir un impact sur le comportement des entreprises fautives puisque l’obtention d’une certification pour cette norme aurait des impacts sur leur coût de financement, sur leurs ventes, sur leurs actions en bourse et, cela va de soi, sur leur image au niveau des consommateurs.

CONCLUSION

J’aimerais faire un lien avec le documentaire « American Factory : Un milliardaire chinois en Ohio » actuellement disponible sur Netflix. On y explique les dessous de l’implantation d’une usine de l’entreprise « Fuyao Glass Industry Group » aux États-Unis (Ohio).

Au-delà du choc culturel, on y apprend que les façons de faire au niveau du respect des employés et de l’environnement peuvent être très différentes d’un pays à l’autre. Au point où, après avoir visionné le documentaire, on pourrait prendre la décision de ne pas faire de commerce avec cette entreprise.

Le mois dernier, j’ai fait remplacer mon pare-brise et lorsque je me suis rappelé le documentaire, j’ai vérifié le nom du fabricant, ce n’est pas celui du documentaire, mais son « chairman » est propriétaire d’un très important bloc d’actions de l’entreprise en question. Comme dans cet article, coupable par association?

Ainsi, j’ai indirectement encouragé une entreprise avec laquelle je ne souhaitais pas faire de commerce, car il n’y a pas d’étiquette comme un ISO-ISR pour nous permettre de nous y retrouver facilement.

Cela demande une bonne réflexion alors que nous sommes tous prêts à aller manifester dans la rue et que le vrai pouvoir pour changer les choses, il est dans notre portefeuille!

Qu’en pensez-vous ?

Une norme reconnue mondialement pour vos investissements et vos achats, cela vous dirait?

 

 

 

[1] https://hexagoneconseils.ca/2018/10/08/mon-projet-de-recherche-universitaire/

[2] https://www.iso.org/fr/home.html

[3]http://www.oree.org/_script/ntsp-document-file_download.php?document_id=884&document_file_id=885

[4] https://www.cairn.info/publications-de-Ruwet-Coline–51414.htm De Boeck Supérieur, « Négociations », 2012/2 n° 18, pages 93 à 108